Les éléments de la Police Judiciaire (PJ) de Sétif, sont parvenus dernièrement à mettre hors d’état de nuire une bande organisée, spécialisée dans les avortements. Selon un communiqué de la cellule de presse et des relations publiques relevant de la direction de la Sûreté de la wilaya, parvenu hier dimanche 10 décembre à notre rédaction, les policiers ont réussi à saisir 5.930 comprimés de Cytotec, un médicament d’origine européenne utilisé pour provoquer l’avortement, introduit clandestinement sur le territoire national par un ressortissant étranger dans une wilaya de l’est du pays. La valeur totale estimée des saisies est d’environ six milliards de centimes. Par ailleurs, les enquêteurs ont procédé à la saisie de 1.176 unités de substances psychotropes et de 758 unités de divers médicaments de contrebande, non commercialisés au niveau national. Les forces de l’ordre ont aussi mis la main sur plusieurs ordonnances, portant le cachet humide d’un Établissement Hospitalier Spécialisé (EHS) d’une wilaya de l’est du pays, des sommes d’argent en monnaie nationale et en devises étrangères, ainsi qu’un véhicule de marque VolksWagen, modèle Golf, précise le communiqué. Le pot aux roses a été découvert quand les policiers de la brigade de cybercriminalité ont découvert des personnes suspectes, activant sur les réseaux sociaux et faisant la promotion de produits abortifs et de psychotropes, note le document. Les suspects écoulaient lesdits comprimés dans plusieurs wilayas du pays et semblent faire partie d’un réseau international transfrontalier. Ce dernier comprend sept personnes, dont une femme, originaires de plusieurs wilayas de l’est et du centre du pays, et le principal fournisseur est originaire d’un pays voisin du Sud. Toujours selon le communiqué, l’affaire remonte à un contrôle policier d’un compte électronique proposant la vente, par l’intermédiaire de groupes fermés sur l’application « Facebook Messenger », des médicaments de type Cytotec, utilisés pour l’avortement. Les comprimés étaient proposés à un prix compris entre un et deux millions de centimes pour l’unité. L’enquête ouverte et les investigations techniques initiées par l’équipe ont permis d’obtenir des preuves incriminant plusieurs suspects qui ont été arrêtés successivement. Le premier mis en cause, qui exploitait un premier compte « Facebook » au nom d’une jeune fille a été arrêté à Sétif. Le second se faisait passer pour un médecin spécialisé en gynécologie et obstétrique, et faisait la promotion du médicament précité. Il a été arrêté en possession de 429 comprimés, d’une somme d’argent s’élevant à 850.000 centimes, deux téléphones portables contenant des comptes virtuels promouvant l’avortement, et 200 capsules de Prégabaline. La compétence territoriale a par la suite été étendue à une autre wilaya de l’est du pays, où un troisième membre, qui travaillait comme vendeur dans une pharmacie, a été appréhendé. Ce dernier travaillait comme vendeur dans une pharmacie et a été appréhendé en possession d’une somme d’argent dépassant les 400.000 centimes, 5.501 comprimés de Cytotec, en plus de 915 unités de psychotropes. Son acolyte, employé au service de gynécologie-obstétrique d’un établissement hospitalier qui n’a pas été mentionné, a été arrêté dans la même wilaya, en possession de treize millions de centimes ainsi que d’importantes sommes en devises étrangères. Il participait également au transport illégal de personnes depuis l’Algérie vers un pays voisin, à la frontière sud. En outre, l’enquête a permis de révéler sa relation directe avec le principal fournisseur de ces pilules, originaire du même pays. Dans une wilaya du centre, une femme responsable de la promotion des pilules abortives dans la région, âgée de 38 ans, a été arrêtée. La juridiction a dès lors été étendue vers l’une des wilayas du sud, où il a été procédé à l’arrestation d’un sixième membre de la bande organisée. Il s’agit d’un médecin spécialisé en neurochirurgie, qui a, selon le communiqué, profité de sa période de stage pratique au sein d’un hôpital spécialisé de l’est du pays, pour s’accaparer d’ordonnanciers, qu’il utilisait pour délivrer des médicaments à effet psychotropes. Pas moins de 751 unités de substances psychotropes, de divers types, ainsi que quatre ordonnanciers en triple exemplaires, dédiés aux patients nécessitant des médicaments à effet psychotropes, comportant le cachet de l’établissement spécialisé ont été saisis à son domicile. Après avoir terminé les procédures d’enquête, un dossier pénal a été complété, selon lequel les détenus ont été déférés au parquet local. Les suspects devront répondre d’un nombre important de chefs d’accusation, qui sont détaillés comme suit : trafic de substances pharmaceutiques menaçant la santé publique, trafic transfrontalier international organisé, formation d’un réseau criminel, détention, fourniture et vente illégales de substances psychotropes, détention de substances pharmaceutiques obtenues par contrebande en vue de vente, exercice illégal de profession de santé, incitation à l’avortement par affichage de publicités, faux et usage de faux médical, fourniture intentionnelle de prescriptions médicales falsifiées pour des substances psychotropes, obtention de substances psychotropes au moyen de prescriptions médicales fictives, délivrance de substances psychotropes sans prescription, délivrance illégale de substances psychotropes à autrui en vue d’un usage personnel, utilisation illégale de prescriptions liées à une profession de santé légalement réglementée, usurpation d’identité et abus de pouvoir.
Faouzi Senoussaoui
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