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Alors que les normalisateurs se préoccupent de l’après-guerre : Ghaza « l’enfer sur terre »

L’éradication du Hamas est-elle une option possible, comme ne cessent de le répéter les responsables sionistes et à leur tête Netanyahou et ses soutiens, pour la plupart issus des milieux extrémistes ? Certes, en public, l’anéantissement de cette branche de la résistance palestinienne est brandi comme un objectif à la portée de l’armée israélienne. En revanche, les choses sont différentes en aparté, ou personne ne semble convaincu, y compris parmi les chefs de guerre. Une telle approche, expéditive, est estimée irréalisable militairement et politiquement. Alors pourquoi Israël, les États-Unis et les nombreux pays occidentaux qui soutiennent cette « expédition punitive » contre une population qui en 2006 avait voté en majorité pour le Hamas, insistent-ils aujourd’hui pour mener une opération impossible sur tous les plans ? Il est à rappeler qu’en 2007, les Américains avaient tenté d’armer une force palestinienne pour s’opposer militairement au mouvement Hamas. L’objectif des Américains était de provoquer des affrontements entre Palestiniens et d’offrir à Israël l’opportunité d’étendre ses colonies. Les véritables intentions et les desseins des uns et des autres, y compris de nombreux pays arabes ayant normalisé avec Israël ou attendant l’occasion propice pour le faire, apparaissent aujourd’hui en clair. Au niveau de certaines capitales arabes, la préoccupation majeure n’est pas de chercher à mettre un terme aux souffrances de la population de Ghaza, mais de se positionner déjà dans l’après-guerre à Ghaza. Lors du forum annuel de Doha, qui s’est achevé lundi, le Qatar a réaffirmé qu’aucun pays arabe n’enverrait de forces armées pour stabiliser la situation, une fois que les hostilités auront cessé. « Personne dans la région n’acceptera d’envoyer des troupes sur le terrain. C’est inacceptable », a déclaré le Premier ministre qatari, qui s’est également opposé à l’envoi d’une force internationale à Ghaza dans les conditions actuelles. Mais qui dans la région est aujourd’hui prêt à tout mettre en œuvre pour protéger les Palestiniens d’une extermination programmée ? Selon les derniers bilans, ils sont environ 19.000 Palestiniens, à avoir péri sous les bombardements et plus de 50.000 blessés, dont la majorité est livrée à elle-même, faute d’une prise en charge médicale appropriée. Ces bilans ne tiennent pas compte des quelques 6.000 ou 7.000 disparus ! Hier mardi, le bureau des médias du gouvernement à Ghaza a accusé l’armée israélienne d’avoir assassiné délibérément 86 journalistes, dans le but d’obscurcir la vérité et d’empêcher la diffusion de l’information à l’opinion publique régionale et mondiale. Un appel a été lancé aux syndicats et organisations de presse et de médias du monde entier à « condamner les crimes de l’occupation israélienne contre les journalistes palestiniens et à faire pression sur Israël pour libérer les journalistes détenus, qui sont soumis à des enquêtes, à la torture et aux pressions psychologiques dans les prisons et les centres de détention ». Dans le même contexte, le directeur de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a alerté que Ghaza est devenue « l’enfer sur terre ». Pendant ce temps, alors qu’une résolution exigeant un cessez-le-feu humanitaire immédiat est en cours de discussions à l’ONU, l’ambassadeur palestinien, Riyad Mansour, a déclaré : « Nous devons arrêter cette guerre, et nous devons l’arrêter maintenant ». « Nous pensons que nous allons réussir à ce que la quasi-totalité de la communauté internationale appelle à un cessez-le-feu humanitaire », a-t-il ajouté, espérant ainsi envoyer « un message à Washington et à d’autres ». Un message qui sera toujours sans effet, puisque la majorité des décideurs dans le monde ne sont pas dans une posture leur permettant de s’opposer à la politique américaine.

Mohamed Mebarki

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