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Marché parallèle de la devise : Pourquoi l’euro et le dollar flambent-ils ?

Qui arrêtera la flambée des monnaies étrangères (dollar et euro) sur le marché parallèle ? Hier dimanche, la bourse informelle de Port Said à Alger, a vu l’euro et le dollar atteindre de nouveaux records qui donnent le vertige : soit 100 euros pour 23.600 DA à l’achat et 23.800 dinars à la vente. Concernant le dollar, c’est 22.000 à l’achat et 22.200 à la vente. Mais à quoi est imputable cette subite envolée ? Le constat interroge, d’autant plus qu’il y a quelques mois, le marché parallèle se caractérisait par une certaine stabilité, avec un taux de change de 100 euros contre une valeur oscillant entre 21.000 et 22.000 dinars. Le président de la Commission des Finances à l’Assemblée Populaire Nationale (APN), Kamel Belakhdar, qui s’exprimait hier sur le quotidien arabophone Echourouk, pointe quatre facteurs qui seraient à l’origine de cette flambée dantesque, qui est pourtant loin de freiner la demande galopante. Il y a d’abord l’importation des véhicules de moins de trois ans qui après une phase d’hésitation en début d’année, connait depuis le mois de septembre une accélération, avec un rythme et un volume de véhicules, tous types confondus, exponentiels. Arrive en second lieu, les départs massifs vers les lieux saints de l’Islam des citoyens pour accomplir « le petit Hadj ». En effet, l’Omra connait de plus en plus d’adeptes, avec cette possibilité pour eux de joindre l’agréable à l’utile, à savoir accomplir le rituel religieux et de profiter des opportunités du marché pour faire de bonnes affaires. Toujours selon Belakhdar, le retour aux opérations d’importation, après un serrage de vis aux conséquences catastrophiques sur le marché qui a provoqué des pénuries multiples, a généré une forte demande en devises des petits commerçants pour financer leurs opérations. Quatrième et dernière cause dévoilée de la flambée, les fêtes de fin d’année, qui provoquent des départs massifs à l’étranger de fêtards (oui ça existe encore !), en achetant leurs devises à Port Said, rue Gambetta et autres places de change en Algérie. Au-delà des causes de cette flambée, telles que pointées par le président de la Commission des Finances de l’APN, l’autre question que beaucoup d’Algériens se posent est de savoir d’où vient l’argent du marché parallèle. S’il est difficile de quantifier avec précision les sommes qui y sont quotidiennement brassées (certains avançant le montant de 90 milliards de dollars), notre expert indique que les pourvoyeurs du marché parallèle sont « les exportateurs hors hydrocarbures » qui injectent sur le marché une partie de leurs devises non déclarées à la banque, lors de l’exportation du produit. À cette catégorie s’ajoute une autre, celle des importateurs qui surfacturent leurs achats auprès de la Banque d’Algérie, une partie des devises de cette surfacturation servant à renflouer le marché parallèle. Quant aux pensions des retraités, note interlocuteur estime qu’elle est « dérisoire », du fait que « la plupart de ces retraités ou de leurs épouses ayant bénéficié de retraites de réversions sont décédés ». Si les observateurs misaient gros sur l’ouverture des bureaux de change pour assécher progressivement le marché parallèle de la devise, les récentes déclarations du ministre des Finances ont fait déchanter plus d’un. Laâziz Faid, ministre des Finances, avait expliqué que cette ouverture, qui est encore sur le bureau du Gouverneur de la Banque d’Algérie, se fera au compte-goutte, pour ne toucher en définitive qu’une certaine catégorie de citoyens, notamment les étudiants pour payer les frais de scolarité et les malades pour l’achat de leurs médicaments. Ce qui est dérisoire par rapport à l’ampleur de la demande, qui continuera à puiser dans un marché parallèle qui voit du coup d’autres beaux jours s’ouvrir devant lui. Ce qui expliquerait également les flambées actuelles. 

H. Khellifi

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