Après des mois d’incertitudes, l’Algérie veut revenir au-devant de la scène malienne. En recevant les différentes parties belligérantes, Alger souhaite reprendre la main dans un conflit qui ne cesse de se compliquer ces derniers temps. Le mois dernier, les troupes du gouvernement malien, aidées par les miliciens du groupe russe Wagner, ont pris la ville de Kidal, dans le Nord du Mali. Les différents groupes Azawad, ces Touaregs berbérophones et arabophones maliens, ont été obligés de quitter ce territoire, qu’ils considèrent comme leur fief. Des dizaines de milliers d’habitants de ces régions ont également quitté leurs maisons, et certains d’entre eux se sont retrouvés livrés aux groupes djihadistes, qui se renforcent de jour en jour. Ce développement a aggravé une situation déjà compromettante, rendant les accords d’Alger quasiment inapplicables. C’est pour éviter ce scénario du pire que l’Algérie entend reprendre la main. Ainsi, le MSA (Mouvement pour le Salut de l’Azawad), principal groupe signataire pro-Bamako, a été reçu à Alger en fin de semaine dernière. Lundi, c’était au tour de la délégation des rebelles du CSP (Cadre Stratégique Permanent). Cités par RFI (Radio France Internationale), les participants parlent de simples « consultations » jugées « positives ». La délégation du CSP était composée de plusieurs hauts dirigeants des groupes rebelles, menés par Alghabass Ag Intallah, chef de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Selon la même source, leurs interlocuteurs algériens les ont invités pour promouvoir une logique de négociations, dont l’accord de paix de 2015 resterait le meilleur cadre. Notamment parce qu’il permet de distinguer clairement les parties signataires, engagées dans un processus politique, des groupes terroristes jihadistes liés à Al Qaïda ou au groupe État Islamique au Sahel (EI Sahel). Du côté du CSP, on estime que les conditions de dialogue ne sont pas réunies. Ce dernier estime que ce sont les autorités maliennes de transition qui ont voulu la reprise de la guerre et souhaite que le médiateur algérien l’acte clairement, afin de situer les responsabilités devant le monde entier. En plus de ces groupes, le président Abdelmadjid Tebboune a reçu, mardi dernier, Mahmoud Dicko, imam de la confrérie Kountiya, très influent au Mali, où il joue un rôle politique majeur. Il a exprimé le vœu de voir son pays « surmonter les difficultés qu’il traverse et de voir se concrétiser la réconciliation et le vivre-ensemble en paix entre les peuples de la région du Sahel ». En plus de cela, la prolifération des groupes djihadistes complique davantage la situation au Mali, à l’instar du JNIM (Jamaat Nasr El Islam wa El Muslimin) qui regroupe les anciens groupes affiliés à Al Qaida et à L’EI Sahel, et se livrent à une lutte sans merci et se partagent des parcelles de ce vaste territoire, en ralliant notamment des populations locales en quête de soutien économique et de protection, deux missions que l’État malien est incapable d’assurer pour l’instant. Pis, ces groupes ne reconnaissent aucun processus ni aucune légitimité politique.
Akli Ouali
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