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Crânes des combattants algériens : La France ouvre la voie à une restitution rapide

Alors que les discussions demeurent engagées entre les délégations algérienne et française sur le sujet de la mémoire, le gouvernement français continue de montrer des gestes « de bonne volonté », allant dans le sens du déblocage de certains dossiers. Ainsi, le président français, Emmanuel Macron, a signé avant-hier, mardi 26 décembre, un décret permettant la restitution rapide des restes humains pris durant la colonisation française. « Par dérogation au principe d’inaliénabilité des biens des personnes publiques relevant du domaine public inscrit (…) au code général de la propriété des personnes publiques, peut être prononcée la sortie du domaine public de restes humains, qu’il s’agisse d’un corps complet ou d’un élément de corps humain (…) », énonce ainsi le texte signé par le chef de l’État français. « La sortie du domaine public est réalisée exclusivement pour permettre la restitution de restes humains à un État à des fins funéraires », ajoute le texte, qui souligne que le présent article « est également applicable aux restes humains intégrés aux collections des musées de France par dons et legs ». Parmi les conditions de « sortie » du territoire français des restes humains « de personnes mortes après l’an 1.500 », on trouve « la demande de restitution » qui doit être formulée « par un État, agissant le cas échéant au nom d’un groupe humain demeurant présent sur son territoire et dont la culture et les traditions restent actives ». Cependant dans certains cas, les restes humains ne sont pas identifiés. Dans cette situation, « un comité scientifique est créé de façon concertée avec l’État demandeur, afin de représenter les deux États de manière équilibrée », énonce encore le document. En signant ce décret, Emmanuel Macron veut visiblement faire sauter un obstacle qui a empêché jusque-là la restitution de tous les restes humains, notamment de crânes de combattants algériens du 19e siècle, à l’Algérie. Le nouveau décret évoque certes la nécessité d’informer les commissions compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat, mais leur approbation n’est plus nécessaire pour le transfert de ces restes mortuaires, entreposés pour la majorité d’entre eux dans les sous-sols du Musée de l’Homme, à Paris. Pour rappel, en 2021, la France a restitué à l’Algérie 24 crânes humains, dont certains de personnes célèbres de la résistance algérienne à l’occupation française. Ceux-ci sont désormais inhumés au carré des martyrs du cimetière d’El Alia. L’Algérie en demande cependant davantage : près de 300 autres ossements demeurent toujours en France. À cet égard, l’Algérie réclame également des reliques, dont un burnous et une épée, appartenant à l’Émir Abdelkader, et dont les négociations sont toujours en cours, tout comme pour la restitution du canon Baba Merzoug et d’autres symboles historiques pris par la France coloniale. En revanche, d’autres dossiers relevant de l’histoire commune avancent à grands pas. C’est notamment le cas de la commission mixte d’historiens, cinq Algériens et cinq Français, qui a tracé un programme de travail ambitieux. En plus de la rédaction d’un mémoire sur les 132 ans de colonisation (à chapitrer selon l’évolution de la colonisation), les universitaires ont prévu des visites croisées dans les archives des deux pays et des rencontres périodiques. Des discussions se poursuivent également sur des dossiers comme la décontamination des sites des essais nucléaires, la restitution des archives et des disparus de la Guerre d’indépendance.

Akli Ouali

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