Cela fait des années maintenant que le phénomène du trabendo a investi le domaine du médicament. Des réseaux de pharmaciens se sont constitués à travers tout le territoire, pour importer selon le procédé du « cabas » d’importantes quantités de produits pharmaceutiques, à la demande d’une certaine catégorie d’Algériens ayant les moyens de s’offrir des médicaments d’origine. La pratique était plus ou moins tolérée, dans la mesure où tout le monde trouvait son compte. Dans une sortie inattendue, Ali Aoun a décidé avant-hier dimanche d’en finir avec ce genre de commerce. « Les médicaments ramenés dans le cabas, c’est fini. Nous ne transigeons pas avec les contrevenants », a-t-il averti. Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique a mis en garde contre la commercialisation de médicaments hors du circuit d’importation réglementé et contrôlé. Tout en ciblant particulièrement les pharmaciens impliqués dans ce genre de transactions, consistant à introduire des produits qui ne sont pas enregistrés en Algérie au profit de particuliers, il n’a pas manqué d’accuser certains cercles qui ne cessent d’émettre des doutes sur l’efficacité des médicaments génériques. « Le médicament générique est parfois plus efficace et sûr que le princeps » a-t-il affirmé, en se référant à Saidal qui a produit et mis sur le marché entre 100 et 120 millions d’unités ventes par an, entre 1995 et 2008. « Aucun de ces lots n’a été remis en cause pendant plus de quatorze ans », a-t-il affirmé. Il est à souligner que le ministre, qui avait joué un grand rôle dans le maintien en vie de cette entreprise publique, faudrait-il le rappeler, s’exprimait face à la presse en marge de l’inauguration du premier centre de bioéquivalence en Algérie, dénommé Equival Biocenter, où Saidal a investi 267 millions de dinars (sans le bâti), et qui aura pour mission de réaliser des études permettant de prouver l’efficacité et la sécurité des médicaments génériques. « Ce centre proposera ses services aux laboratoires pharmaceutiques nationaux et internationaux qui souhaitent réaliser des études afin de prouver que leurs médicaments génériques sont équivalents aux médicaments de référence en termes d’efficacité et de sécurité et permettre ainsi leur interchangeabilité avec les médicaments de référence », a déclaré le ministre. « Ce centre bénéficiera de l’expertise de quatre experts indiens ayant à leur actif plus de 900 études de bioéquivalence, et ce afin d’assurer le transfert technologique nécessaire à son bon fonctionnement », a-t-il encore expliqué. « Ce nouveau centre va permettre de renforcer le contrôle des produits pharmaceutiques en Algérie, pour garantir la qualité des médicaments fabriqués localement ou importés de l’étranger », a indiqué Aoun. Selon lui, Equival Biocenter devrait dégager en 2024 « autour de 200 millions de dinars de bénéfices si tout fonctionne bien au niveau de ce centre ». De son côté, le P-D.G de Saidal a expliqué que « la bioéquivalence représente un facteur clé qui confère aux médicaments produits localement une valeur ajoutée à l’international et ouvre des horizons prometteurs pour les partenariats, l’innovation et l’exportation, ce qui aura un impact positif sur l’économie nationale ». Il est à souligner que ce centre devait initialement être opérationnel en janvier 2023, Fatoum Akacem l’avait affirmé lorsqu’elle était à la tête de Saidal. Dans une interview accordée à la chaîne III de la radio nationale, elle avait expliqué que ce « centre sera chargé principalement à démontrer que les médicaments dits génériques fabriqués en Algérie, notamment par Saidal, sont tout à fait équivalents au principe actif de référence ». Elle avait mentionné également que « ce centre aura à démontrer qu’un médicament générique est une copie conforme à la molécule mère, ce qui est, en même temps, une exigence réglementaire importante pour la commercialisation d’un produit pharmaceutique au niveau national et son exportation vers l’étranger ».
Mohamed M.
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