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 Espagne : Les vacances marocaines de Pedro Sanchez font polémique

Alors que son pays n’a toujours pas de gouvernement faute de majorité, le Président du gouvernement espagnol sortant, Pedro Sanchez, est allé passer des vacances au Maroc. La décision a suscité de vives critiques du Parti populaire et d’autres acteurs politiques du pays.

Depuis début août, Pedro Sanchez est en vacances au Maroc. Une décision qui a surpris et choqué de nombreux espagnols d’autant plus que le pays est sans gouvernement depuis les élections législatives anticipées du 23 juillet dernier. Les premières réactions sont venues du Parti populaire espagnol (PPE), arrivé en premier lors de ce scrutin, mais sans majorité pour constituer un gouvernement. « Seul Pedro Sánchez part en vacances tranquille », a ironisé sur Twitter Cuca Gamarra, secrétaire générale du Parti populaire (PP, droite), ajoutant que l’Espagne avait « besoin d’un gouvernement sérieux qui change de cap ». Le chef du gouvernement sortant a « décidé de mettre des kilomètres entre lui et l’Espagne », s’est indigné Miguel Tellado, vice-secrétaire général du PP, dénonçant une « provocation à la hauteur de l’orgueil du personnage ». « Et ni plus ni moins qu’au Maroc », a-t-il ajouté sur la radio Onda Cero. Plus que les vacances, c’est le choix du Maroc comme destination de villégiature qui interroge les politiques et médias espagnols. Cela ajoute de la confusion aux doutes existants déjà entre l’homme politique et les dirigeants marocains. Des interrogations ont notamment porté sur la contrepartie concédée par Pedro Sanchez au Royaume du Maroc moyennant le changement de sa politique au Sahara Occidental. « Il semble que Sanchez préfère le Maroc à l’Espagne », s’est insurgé le parti d’extrême droite Vox sur Twitter, dénonçant ses positions sur le Sahara occidental ou l’immigration. Plus explicite, le journal El Mundo titre : «Sánchez en vacances au Maroc après le revirement sur le Sahara et +l’affaire Pegasus+ », une allusion claire au fait que malgré le scandale de l’utilisation du logiciel espion israélien, les autorités espagnoles ont continué à collaborer avec les Marocains comme si de rien n’était. Cela se passe à un moment où les partis politiques espagnols ne parviennent pas à former une majorité pour gouverner le pays. Le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Sánchez est arrivé en deuxième position avec 121 sièges, derrière les 137 sièges du PP, dirigé par Alberto Núñez Feijóo. Mais en raison du jeu des alliances, M. Sánchez a plus de chances que son rival, qui ne peut a priori compter que sur Vox, de réunir les soutiens nécessaires pour être investi chef du gouvernement par les députés. Le PSOE doit en revanche compter sur les voix des députés de Junts per Catalunya, le parti indépendantiste catalan pour constituer une majorité. Ce qui n’est pas évident puisque la formation que dirige Carles Puigedement, en exil en Belgique, exige en contrepartie un engagement écrit de Mr Sanchez d’accepter l’organisation d’un référendum d’autodétermination de la Catalogne. Ce qui est quasiment impossible puisque le pouvoir central à Madrid ne veut pas ouvrir le dossier de l’indépendance de cette région frondeuse.

Akli Ouali

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