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Affaire du harrag du vol Oran-Paris : Dix fonctionnaires de la PAF en détention

L’affaire du jeune harrag, retrouvé en état d’hypothermie sévère dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air Algérie, qui venait d’arriver à Paris le 28 décembre en provenance d’Oran continue de provoquer des remous dans le corps de la Sûreté nationale. L’enquête, confiée par le président de la République à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), relevant du ministère de la Défense, a révélé la responsabilité de dix fonctionnaires de la Police Aux Frontières (PAF), dont des officiers en poste à l’aéroport Ahmed Benbella d’Oran, ainsi qu’un mécanicien d’Air Algérie. Dans un communiqué publié hier lundi, le parquet du tribunal d’El Othmania, près la Cour d’Oran, a annoncé le placement en détention provisoire des mis en cause, pour infractions involontaires mettant en péril la vie des personnes à bord de l’avion et celle d’autrui, ainsi que la sécurité de l’avion, en attendant les conclusions de l’enquête judiciaire ouverte dimanche. Afin de mettre au clair les défaillances du dispositif sécuritaire, de hauts cadres de la DGSI se sont déplacés dans la capitale de l’Ouest et ont pu déterminer avec exactitude les circonstances dans lesquelles le jeune clandestin s’est infiltré dans l’enceinte aéroportuaire puis dans l’avion. Jeudi passé, la présidence de la République avait déjà dévoilé dans un communiqué les premiers résultats de l’enquête, en annonçant « des procédures administratives particulières, incluant les responsables régionaux et centraux de la Direction générale de la sûreté nationale ». Il convient de rappeler que cette méthode d’émigration clandestine n’est pas la première de son genre. Début juin 2022, deux corps sans vie ont été découverts, vers 5 h du matin, dans le train d’atterrissage, d’un avion d’Air Algérie à l’aéroport Houari Boumediene d’Alger. Selon une webradio, il s’agissait de deux frères, qui s’étaient introduits dans un avion long-courrier. L’appareil JB A 330 d’Air Algérie, s’est envolé vendredi d’Alger vers Paris, puis Dubaï, pour revenir à nouveau sur la capitale algérienne. D’après les premiers éléments, les corps étaient déjà en état de décomposition, ce qui laisse supposer que les victimes, dont l’âge est situé entre 20 et 23 ans, ont dû rester plus de 24 heures dans l’avion, dans des conditions qui ne leur ont pas permis de résister longtemps, compte tenu du manque d’oxygène, de la pression et du froid. En mars 2022, un adolescent de 16 ans avait réussi à s’introduire dans la soute à bagages d’un avion Air Algérie, assurant la liaison entre Constantine et Paris. Ce jeune constantinois avait eu la chance d’échapper à une mort certaine. « S’il avait voyagé dans un avion long-courrier, il serait peut-être mort », a estimé un médecin de l’aéroport de Roissy Charles de Gaule, qui s’est interrogé comment il a pu accéder à la soute si ce n’est avec des complicités à l’aéroport de Constantine. Les aéroports algériens ont pourtant la réputation d’être des infrastructures très bien surveillées ! Pourquoi de telles défaillances ? Existe-t-il un rapport entre la dernière affaire du harraga découvert à l’aéroport français d’Orly et le remplacement du Directeur Général de la Sécurité Nationale (DGSN) ? Les raisons de ce changement n’ont pas été données, mais le départ de Farid Bencheikh et sa relève par Ali Badaoui, qui détient le grade le plus élevé au sein de ce corps sécuritaire, au moment où l’affaire du jeune harraga avait pris des proportions ayant poussé la Présidence à intervenir, ne va pas manquer d’ouvrir la voie à toutes sortes de spéculations. En outre, la cérémonie d’installation du nouveau patron de la DGSN a été présidée hier par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Brahim Merad. Il y a lieu de rappeler que Farid Bencheikh était en poste depuis le 15 mars 2021, remplaçant Khelifa Ounissi. Ali Badaoui devient donc le 17e DGSN depuis la création de ce corps de sécurité.

Mohamed Mebarki

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