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Visite du ministre saoudien de l’Intérieur : Retrouvailles entre Alger et Riyad

Après des mois de froid, le ciel des relations algéro-saoudiennes se réchauffe à nouveau, à l’occasion de la visite du ministre saoudien de l’Intérieur, Abdelaziz Ben Saoud Ben Nayef Ben Abdelaziz Al Saoud. Preuve de cette amitié retrouvée, le ministre saoudien, membre de la famille royale, a été reçu non seulement par le ministre de l’Intérieur, mais il a aussi eu droit à une séance de travail avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune après un tête-à-tête entre les deux hommes. Car le ministre saoudien est également l’envoyé spécial de Mohamed Ben Salmane, le prince héritier d’Arabie Saoudite et véritable régent de son pays. Cette visite intervient après plusieurs mois de gel des relations entre Alger et Riyad. Il n’y a, certes, pas eu de crise majeure ni de rupture des relations diplomatiques entre les deux géants de la Ligue des États arabes, qui ont continué notamment à travailler de concert sur des questions liées au marché mondial du pétrole et du gaz. Malgré les tempêtes, ils ont également gardé un minimum de relations diplomatiques. Mais contrairement aux apparences, il y a eu des susceptibilités entre Alger et Riyad. Les Saoudiens, qui veulent toujours être la locomotive de la région, n’ont pas apprécié que l’Algérie leur vole la vedette, lors du sommet de la Ligue arabe de 2022 à Alger, durant lequel Abdelmadjid Tebboune avait réussi à réunir les factions palestiniennes pour un projet de réconciliation historique. Puis, l’Algérie voulait à tout prix réintégrer la Syrie dans les sommets de la Ligue arabe. Cela était de trop pour des Saoudiens qui avaient la main haute sur l’instance panarabe. Alger, ne voulant pas froisser les autres puissances de la région, avait fini par renoncer au projet, qui s’est concrétisé lors du sommet de Riyad en mai 2023. Mais le mal était fait et Ben Salmane n’a pas fait le déplacement au sommet d’Alger. Pour sa part, Abdelmadjid Tebboune ne s’est pas non plus rendu au sommet de Riyad, en raison de l’attitude du Prince saoudien, mais aussi parce que l’Arabie saoudite avait préparé la rencontre sans trop associer l’Algérie, qui avait pourtant la présidence sortante. Mais ce brouillard est désormais derrière nous. Comme après chaque crise, la realpolitik a pris le dessus, surtout que malgré les couacs politiques, les affaires ont toujours bien marché entre nos deux pays. Les investissements saoudiens s’élargissent et la coopération dans le domaine de l’énergie n’a jamais été démentie. Et cela n’est pas près de s’arrêter. Il reste désormais à savoir si cette visite va permettre de tracer un agenda pour une visite du président de la République à Riyad et surtout celle de Mohamed Ben Salmane en Algérie, mainte fois reportée.

Akli Ouali

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