Après des mois d’atermoiements, la junte militaire au pouvoir à Bamako, capitale du Mali, a décidé de dénoncer les Accords d’Alger. Le ministère des Affaires étrangères dénonce lui des décisions « malheureuses » et « malvenues ». Dans la fin de la journée de jeudi, la junte au pouvoir à Bamako avait annoncé la « fin des Accords d’Alger » avec « effet immédiat ». La junte a invoqué « le changement de posture de certains groupes signataires », mais aussi « les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord de la part des autorités algériennes, dont le pays est le chef de file de la médiation », indique un communiqué lu à la télévision d’État par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement installé par les militaires. Le gouvernement « constate l’inapplicabilité absolue de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, signé en 2015, et par conséquent annonce sa fin, avec effet immédiat », dit le communiqué lu avant-hier jeudi au soir. Cette décision complique donc la situation dans ce pays et ouvre la voie à une dégradation de la situation sécuritaire. « Tous les canaux de négociations sont désormais fermés », a dit à l’AFP Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole du Cadre stratégique permanent, alliance de groupes armés qui avaient signé l’accord de 2015, avant de reprendre les armes l’an dernier. « Nous n’avons pas d’autre choix que de livrer cette guerre qui nous est imposée par cette junte illégitime avec qui le dialogue est impossible. » Comme première réaction, le gouvernement algérien a décidé surtout de s’adresser au peuple malien. Tout en niant les accusations des autorités maliennes, le communiqué du ministère des Affaires étrangères a expliqué que « l’Algérie n’a jamais failli à travailler à la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issue du processus d’Alger, avec sincérité, bonne foi et solidarité indéfectibles envers le Mali frère ». Et d’indiquer que des décisions « aussi malheureuses et aussi malvenues » ont prouvé par le passé que l’option militaire « est la première menace à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali, qu’elle porte en elle les germes d’une guerre civile au Mali, qu’elle diffère la réconciliation nationale, au lieu de la rapprocher et qu’elle constitue enfin une source de menace réelle pour la paix et la stabilité régionales ». Plus que cela, l’Algérie accuse les autorités maliennes de chercher depuis longtemps à remettre en cause les Accords d’Alger. Et les signaux sont connus, selon le document. « Les signes avant-coureurs depuis deux ans en ont été leur retrait quasi total de la mise en œuvre de l’Accord, leur refus quasi systématique de toute initiative tendant à relancer la mise en œuvre de cet Accord, leur contestation de l’intégrité de la médiation internationale, leur désignation de signataires de l’Accord dûment reconnus, comme dirigeants terroristes », indique le communiqué. Et d’enchainer : « leur demande de retrait de la MINUSMA, l’intensification récente de leurs programmes d’armement financés par des pays tiers et leur recours à des mercenaires internationaux », énumère le ministère des Affaires étrangères. Lors des Accords d’Alger, les autorités maliennes ont notamment promis d’intégrer les groupes rebelles dans l’armée régulière, de discuter sur un nouveau découpage territorial, avec beaucoup de prérogatives pour les régions du Nord, et de travailler au développement de ces zones. Mais en novembre dernier, l’armée malienne, appuyée par la milice russe Wagner, a attaqué la ville de Kidal, bastion des Touareg. C’était le début de la fin des Accords d’Alger et de la paix dans ce pays, qui a connu plusieurs coups d’État ces derniers temps.
Akli Ouali
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