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Médias sportifs : Le rappel à l’ordre de Laagab

Le ministre de la Communication, Mohamed Laagab, aura beau justifier la rencontre qu’il a eue avant-hier jeudi à Alger avec les représentants des médias sportifs par d’autres considérations, afin de ne pas heurter certaines susceptibilités, il n’en demeure pas mois qu’il s’agit bel et bien d’un rappel à l’ordre qui ne dit pas son nom. Ce qui démontre déjà qu’il a fait preuve d’une grande prévenance, pour ménager les uns et les autres. Mais tout de même, la réunion, qui a lieu à la salle de conférences du complexe Mohamed Boudiaf et les circonstances dans lesquelles elle s’est tenue, rappellent qu’elle avait été imposée par la série de polémiques et de controverses souvent incontrôlées, qui ont suivi l’élimination de l’équipe nationale de la CAN, ponctuée par des dérapages et des comportements anti-professionnels. Ce qui se disait sur les plateaux de certaines chaînes TV privées ou dans les réseaux sociaux à propos de Djamel Belmadi, dépassait souvent toutes les règles de la déontologie. Ça chauffait de partout. Ce qui a entrainé un déchaînement des passions et un déferlement d’insultes et d’insinuations de mauvaise foi. En quelques jours, les tensions s’étaient exacerbées. La situation menaçait d’échapper à tout contrôle. Quoi qu’il en soit, même si Laagab prévoyait une série de rencontres avec les membres de la corporation, la couverture du feuilleton du bras de fer Djamel Belmadi — FAF et son impact sur l’opinion publique avaient fini par transgresser toutes les règles de l’éthique professionnelle, ce qui est une raison plus que valable pour que le ministre intervienne, avant qu’il ne soit trop tard ! Pour que celui-ci évoque des tensions sociales et des incidents diplomatiques, c’est que les informations qui lui sont arrivées sont d’une grande teneur. « Quand on fait d’une défaite sportive une affaire nationale, on divise les citoyens et on atteint à leur moral, c’est la sécurité nationale qui est visée, incontestablement », a-t-il estimé. Tout en appelant les professionnels au respect des lois, il a parlé de « gens qui ne sont pas diplômés en journalisme et qui travaillent dans la presse ». Or, la problématique ne réside pas là, du moins dans de nombreux cas. Le journalisme est d’abord une question de vocation et d’inspiration. Feu Saïd Mekbel était ingénieur de métier et il a été l’un des meilleurs billettistes que l’Algérie ait connus. La plupart des journalistes qui ont fait les beaux jours de l’hebdomadaire El Hadef n’étaient pas diplômés en journalisme, mais fortement imprégnés de principes et de valeurs. Si la tournure prise par la polémique autour du départ de Djamel Belmadi a failli créer un malaise social, c’est surtout la faute à ces voix (journalistes sportifs), qui ont mené une véritable campagne contre le sélectionneur national. La mauvaise foi et la recherche effrénée de scoops mènent à tout, sauf à la vérité. Le ministre de la Communication a certainement une idée concernant certains manipulateurs, qui ont donné au différend FAF — Belmadi une dimension plus importante qu’elle ne le mérite. Déterminé à « explorer les voies et moyens de promouvoir la performance des médias nationaux, de les renforcer et de leur permettre de jouer les premiers rôles, au moins dans l’environnement régional », le ministre a rappelé à la corporation médiatique nationale, notamment les médias sportifs, la nécessité de respecter les fondamentaux de l’éthique et de la déontologie professionnelle du journalisme. Pour le ministre, les journalistes et responsables des médias nationaux sont tenus d’appliquer les articles de la loi sur l’information, promulguée en août 2023, de la loi sur la presse écrite et électronique et la loi sur l’activité audiovisuelle, promulguée en décembre 2023. « Le journaliste sportif doit faire preuve de professionnalisme, être formé en la matière et respecter les techniques de rédaction journalistique », a préconisé Mohamed Laâgab, avant d’insister à propos de « la vérification de la source de l’information et de sa crédibilité, conformément au nouveau code de l’information ». « On peut renoncer, par responsabilité, à publier une information qui porte atteinte au tissu social, à la stabilité de l’État et à ses relations avec d’autres pays », a-t-il conclu.

Mohamed Mebarki

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