Le projet de résolution formulé par l’Algérie devant les membres du Conseil de sécurité a posé un sérieux problème aux soutiens d’Israël et à leur tête les États-Unis. Mercredi dernier, l’Algérie avait appelé les 15 membres de cet organe onusien à voter pour un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Ghaza. Au vu de la situation apocalyptique à laquelle fait face l’enclave, soumise à une véritable opération d’extermination, l’initiative algérienne représente le strict minimum de ce qui aurait pu être mis en œuvre pour assurer aux Palestiniens une trêve, durant laquelle ils pourront offrir à leurs morts un enterrement et à leurs blessés des soins, même en deçà des normes conventionnelles. Qu’à cela ne tienne, cet appel que partagent la majorité des peuples n’a pas trouvé d’écho favorable chez les Américains, qui semblent avoir été contrariés par cette proposition. Dès vendredi soir, leur représentante au sein des Nations unies s’est opposée au projet de résolution formulée par l’Algérie. L’ambassadrice des États-Unis d’Amérique, Linda Thomas-Greenfield, a estimé que le projet de résolution présenté par l’Algérie menace les négociations menées pour la libération des otages israéliens, dans le cadre d’un accord d’échange de prisonniers palestiniens, avec le mouvement de la résistance palestinienne Hamas. Ce n’est pas la première fois que Washington exprime ouvertement son soutien sans réserve à la guerre menée par Tel Aviv à la population de Ghaza. Les arguments changent selon les circonstances, mais l’appui américain est toujours là. Il y a un mois, Le Wall Street Journal a rapporté, citant des sources du renseignement américain, que le « Hamas dispose de suffisamment de munitions pour attaquer Israël et les forces israéliennes pendant plusieurs mois ». Le même journal a rapporté d’après les mêmes sources qu’Israël est très loin d’avoir « est loin d’avoir détruit le Hamas et n’a toujours pas atteint son objectif ». Pour de nombreux analystes, cet article n’a rien de banal. Il s’agit d’un feu vert américain non déclaré à la guerre contre le peuple palestinien. Déstabilisés par le verdict inattendu de la Cour internationale de justice, les États-Unis ont été forcés à se démasquer davantage. Leurs préoccupations au sujet du sort des otages israéliens sont utilisées comme un prétexte et rien d’autre. Sinon comment expliquer qu’un projet de résolution du Conseil de sécurité comme celui, présenté par l’Algérie, pourrait compromettre les « négociations sensibles visant à négocier un accord pour la libération des otages détenus par le Hamas » ? « Ce projet de résolution pourrait mettre en péril des négociations sensibles, faisant dérailler les efforts diplomatiques exhaustifs et en cours pour obtenir la libération des otages et garantir une pause prolongée, dont les civils palestiniens et les travailleurs humanitaires ont si désespérément besoin », a prétendu Thomas-Greenfield. Et que pensent les Américains du ciblage par Israël de la communauté et des infrastructures universitaires de Ghaza ? Dans une déclaration publiée le 20 janvier sur le site Middle East Eye, l’organisation de défense des droits de l’homme, Euro-Med Human Rights Monitor, a déclaré que les forces israéliennes avaient délibérément « pris pour cible des universitaires, des scientifiques et des intellectuels dans la bande de Ghaza ». Selon le ministère palestinien de l’Éducation, l’assaut israélien sur Ghaza a tué 4.327 étudiants et en a mutilé 7.819 autres, tandis que 231 enseignants et personnels administratifs ont été tués et 756 blessés, selon des chiffres datant du 24 janvier. « Israël veut créer un environnement qui contraindra les universitaires, les intellectuels et les étudiants à quitter la bande de Ghaza », a dénoncé un enseignant. « Le ciblage par Israël des institutions universitaires palestiniennes n’est pas un fait nouveau. Cela a toujours été une de ses stratégies », a déclaré un universitaire dont les propos ont été recueillis par Middle East Eye. « La reconstruction du système éducatif de Ghaza nécessitera probablement des années. Cela prendra des décennies », ont affirmé pour leur part des universitaires britanniques.
Mohamed Mebarki
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