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Selon le porte-parole du CICR : « Rafah, c’est le pire du pire »

Rafah, cette ville du sud de la bande de Ghaza, qui accueille aujourd’hui environ 1,5 million de réfugiés venus du nord de l’enclave palestinienne, assiégée et soumise depuis plus de quatre mois à un déluge de bombes qui n’en finit pas, retient son souffle. L’hypothèse d’une offensive terrestre israélienne de grande ampleur se précise. Selon des sources médiatiques occidentales, elle serait même imminente. Les organisations humanitaires redoutent déjà un terrible carnage, si le plan conçu par l’armée sioniste est mis à exécution. « Ce sera un assaut aux conséquences régionales incalculables », a prévenu le secrétaire général des Nations unies, dans un message posté sur les réseaux sociaux. Une telle opération, a-t-il prédit « augmenterait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire ». Rafah, qui constitue « le dernier refuge » pour des centaines de milliers de Palestiniens, forcés à abandonner leurs demeures, comptait 280.000 résidents. Aujourd’hui et selon les estimations de l’UNRWA, « elle accueille désormais 1,4 million de personnes ». « C’est six fois plus qu’avant la guerre », a indiqué la directrice de la communication de l’agence onusienne. « Où que vous regardiez à Rafah, il y a des déplacés. Ils sont installés sous des tentes de fortune fabriquées avec des bâches en plastique, dans les parkings, dans les rues, sur le moindre bout de terrain libre et jusque sur la plage », a déclaré Juliette Touma. « La situation est d’autant plus critique que Rafah est une des zones les plus pauvres de l’enclave et manque des infrastructures nécessaires pour accueillir une telle densité de population », a constaté la même responsable. « À Rafah comme dans le reste de la bande de Ghaza, les civils sont privés de tout », a déploré à son tour le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « Ces conditions de vie déplorables ont entraîné des morts qui auraient pu être évitées », selon ce responsable. « Les pathologies chroniques ne sont plus traitées, car le système de santé s’est quasiment effondré », a-t-il également souligné, notant que « les hôpitaux qui fonctionnent encore n’ont pas les capacités ni le matériel médical, pour répondre à l’afflux constant de blessés ». « Dans le sud de la bande de Ghaza, l’équipe chirurgicale du CICR ne pratique plus que des amputations, aussi bien pour traiter des personnes touchées par les bombardements que des patients dont des plaies se sont infectées faute de médicaments », a-t-il fait savoir. Le stress et la terreur sont omniprésents, a-t-il dit. Il est à rappeler que Rafah n’a pas été épargnée par les bombardements. Les Ghazaouis « sont littéralement acculés au mur qui marque la frontière avec l’Égypte », a-t-il constaté. « Un de mes collègues a décrit la situation à Rafah comme une cocotte-minute de désespoir. Si elle explose, cela pourra avoir des conséquences catastrophiques, avec le risque d’un véritable carnage dans le sud de Ghaza et potentiellement un débordement en Égypte », a déclaré Andrea De Domenico. « En l’absence d’un chemin sûr hors de Rafah, tout le monde a peur que l’opération terrestre s’étende à la ville », a affirmé un responsable du Croissant Rouge palestinien, cité par le Guardian. « Toute intensification des combats à Rafah signifie plus de besoins humanitaires, donc plus de travail pour l’UNRWA. Sans financement, nous serons incapables d’y faire face », a averti Juliette Touma. « Rafah, c’est le pire du pire », a dénoncé le porte-parole du CICR. « Je n’ai pas de boule de cristal, mais si Israël y lance une offensive, tous les risques imaginables seront sur la table. On va toucher à l’indicible », a-t-il déclaré.

M. M./agences

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