Agissant sur renseignements, les éléments de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) du groupement territorial de la gendarmerie d’El-Hadjar ont révélé l’activité néfaste d’un groupe de braconniers du corail opérant au large du quartier de Sidi Salem. En effet, les jardins coralliens dont dispose cette région continuent de faire l’objet d’un massacre incessant. Nous apprenons de source crédible que récemment, les limiers de la gendarmerie ont saisi un important lot de matériels de plongée utilisés pour l’exploitation illicite du corail. Il s’agit notamment d’une quarantaine de bouteilles à air comprimé, six compresseurs d’oxygène, quinze marteaux pour desceller les arbustes de corail, cinq tenues de plongée sous-marine, deux embarcations de pêche, plusieurs paires de palmes de plongée, ainsi que d’autres équipements utilisés par les braconniers. Selon nos sources, l’opération a également permis la saisie de plus de cinq kilos de corail brut et l’arrestation de cinq braconniers, dont l’âge varie entre 32 et 45 ans. Cette opération s’est déroulée sur les rives de l’Oued Seybouse, et la valeur des objets saisis avoisine plus de trois milliards de centimes. Cependant, malgré une lutte sans merci menée sur le terrain par la gendarmerie, la police, les gardes-côtes, les gardes-frontières et la douane algérienne, le braconnage et le pillage du corail, dont la pêche est interdite par décret présidentiel depuis 2001, ont connu un regain sensible ces derniers temps, notamment dans la zone maritime allant de Sidi Salem jusqu’à El Kala, dépendante de la façade maritime d’Annaba. La pêche illicite du corail est devenue monnaie courante sur ce relief corallien et attire même des trafiquants étrangers, reconnaissent des marins-pêcheurs. Des témoignages indiquent que depuis plus d’une décennie, l’environnement sous-marin, particulièrement dans l’extrême nord-est de l’Algérie, est frappé de plein fouet par des pratiques néfastes et pernicieuses qui causent des effets irréversibles sur l’ensemble du fond marin du littoral de cette partie du pays. La côte d’El Kala (El Tarf), tout comme celles d’Annaba et de Collo (Skikda), riches par leurs jardins de corail, connaît un ravage aux conséquences désastreuses pour le patrimoine, surtout le récif corallien. C’est au moyen d’un labourage systématique que le corail est ramassé. Les trafiquants ratissent large en déracinant, au moyen de « griffes », les pousses de corail. À qui incombe la faute ? Qui est responsable de ce massacre ? Cette agression contre la nature ne doit-elle pas cesser ? Les services investis de la mission de veiller à la sauvegarde de notre patrimoine sous-marin et autres, sont-ils dotés des outils adéquats pour mettre un terme définitif à cette spoliation ? Autant de questions qui n’exigent, en fait, qu’une seule réponse : apporter un remède radical à ce mal. Il est à rappeler que la plus grande saisie réalisée par les services de sécurité a eu lieu en l’an 2000, à la plage de la Caroube à Annaba, où quelque deux tonnes de corail ont été saisies, avec en prime l’arrestation en flagrant délit d’un important réseau de trafiquants, dont trois Italiens. Depuis, la filière de la « Mama », une vieille dame napolitaine en charge du corail algérien, est mise à l’index à chaque grosse prise.
B. Salah-Eddine
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