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Alignement

Nous avions écrit sur ces mêmes colonnes que la France officielle allait tôt ou tard (re)tomber dans les bras du roi et lui déclarer sa flamme, par rapport à son « plan d’autonomie », qui est en fait un permis de coloniser. C’est désormais chose faite, puisque son nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a été conquis lors de son premier voyage au royaume de Mohamed VI. À côté de son homologue, Nacer Bourita, avec lequel il animait hier une conférence de presse, le chef de la diplomatie française a réitéré le soutien « clair et constant » de Paris au plan d’autonomie marocain du Sahara occidental. Cela fait longtemps que l’on n’a pas entendu un officiel français tenir un discours aussi clair. Bien qu’elle ait toujours considéré le « plan marocain » comme « crédible » et « réaliste », à l’instar des États-Unis et de l’Espagne, la France a toujours nuancé sa position, en exprimant son souci de trouver une solution politique qui satisfait tout le monde, dans le cadre des Nations Unies. La France du président Macron est maintenant en roue libre sur cette question. L’allégeance que vient d’exprimer Stéphane Séjourné à Rabat, à l’égard du plan d’autonomie, confirme un virage dans sa stratégie diplomatique vis-à-vis des pays du Maghreb. Mais est-ce vraiment une surprise ? Pas le moins du monde dès lors que tous les présidents qui se sont succédé à la tête de la France ont exprimé leur soutien à ce fameux plan d’autonomie marocain. Faut-il rappeler dans ce contexte la déclaration de Nicolas Sarkozy ? Dans laquelle il soutenait qu’il était « impossible de créer un autre État dans la région », dans une allusion au Sahara occidental. Aussi, l’alignement récent du Royaume d’Espagne sur la thèse a sans doute encouragé la France à rallier le « plan marocain », quitte à aller contre le sens du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, prévoyant un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Paris prend ainsi le risque de se mettre à dos Alger, en se rapprochant de Rabat. Ce soutien franc au Maroc dans cette question extrêmement délicate est de nature à replonger les relations franco-algériennes dans le coma. Pis encore, il y a fort à parier que la fameuse visite d’État que devrait effectuer le président Tebboune en France n’aura peut-être finalement pas lieu. La France a clairement choisi son camp. Son nouveau chef de la diplomatie a déclaré hier qu’il allait veiller « personnellement » à ce que sa visite constitue une « étape forte pour ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre nos deux pays ».

Par Imane B.

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