L’objectif des autorités algériennes de remplacer le français par l’anglais comme langue d’enseignement dans les universités, notamment pour les matières scientifiques, s’avère loin d’être une mince affaire, car le volontarisme ne suffit pas face aux réalités pédagogiques. Afin de contourner cette difficulté, le ministère de l’Enseignement supérieur pense avoir trouvé une parade, ou du moins une alternative, en mettant en place des ateliers hebdomadaires pour des formations express à l’attention des professeurs désireux de se mettre à la langue de Shakespeare. Dans ce contexte, le ministère a annoncé, hier dimanche, dans un communiqué la formation de 58.000 enseignants aux techniques d’enseignement en anglais, selon des contenus didactiques mis en place par des professeurs-chercheurs. « Dans le cadre de la démarche de réforme initiée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, pour renforcer l’utilisation de la langue anglaise dans le milieu universitaire, notamment dans l’enseignement, un programme a été mis en place pour la formation des enseignants-chercheurs aux techniques d’enseignement en anglais », a indiqué le communiqué. Ce programme prévoit des « ateliers hebdomadaires, sous forme de regroupements régionaux, organisés en présentiel dans un établissement universitaire », selon la même source, qui explique que ce programme se poursuivra tout au long de l’année universitaire, indique qu’il vise, dans un premier temps, les « enseignants de sciences et technologie ». Il est à signaler que les travaux de ces ateliers sont supervisés par « la Commission nationale de pilotage et de suivi de la mise en œuvre du programme d’accompagnement pédagogique au profit des enseignants-chercheurs ». D’après le ministère, « un atelier de formation a été organisé à l’Université des Sciences et Technologies Houari Boumediene d’Alger (USTHB) du 25 au 29 février 2024, au profit de 1.000 enseignants-chercheurs, relevant des établissements universitaires du Centre, et un autre atelier à l’Université d’Oran 2, au profit de 150 enseignants-chercheurs relevant des établissements universitaires de l’Ouest ». Le communiqué rappelle par ailleurs que l’opération a débuté à l’Université d’El Oued, qui a abrité, du 4 au 8 février 2024, « un atelier de formation au profit de 150 enseignants-chercheurs relevant de huit (8) établissements universitaires, à savoir les Universités d’El Oued, d’Ouargla, de Biskra, de M’Sila, de Tamanrasset, d’Adrar et de Ghardaïa et le Centre universitaire d’Illizi », selon le communiqué. Il ne reste que l’Est du pays pour mener l’expérience, qui fera l’objet d’une évaluation, une fois terminée, pour déterminer si les enseignants qui ont bénéficiaires de cette formation seront en capacité d’assurer un enseignement de qualité. Pratiquer convenablement une langue en deux semaines relève de l’impossible, vouloir l’enseigner à des étudiants qui n’en maitrisent même pas les rudiments est une entreprise qui relève de l’utopie. Il faut donner du temps au temps.
H. Khellifi
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