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Légalisation de la culture du cannabis : Les projets douteux du Makhzen

Le Makhzen a toujours tenté d’en finir une bonne fois pour toutes de la culture et des revendications républicaines très répandues dans la région du Rif. Du temps de Abdelkrim Al-Khattabi, une des icônes des luttes d’indépendance au Maghreb, les Rifains ont été de farouches adversaires de la monarchie. Et ce n’est nullement par hasard que le palais royal encouragea durant des décennies et par tous les moyens la culture du cannabis dans toute cette région. Le but était d’impliquer une grande partie de la population dans la production, la commercialisation et la consommation d’une drogue que leur leader historique avait prohibée. Après Hassan II c’est au tour aujourd’hui de son successeur, son fils Mohamed VI de suivre l’exemple de son père, par le truchement d’un ensemble de mécanismes visant d’abord à régulariser la production du kif, mais pas dans n’importe quelle région. Le territoire ciblé est celui du Rif, de Chefchaouen à El Hoceima en passant par Taounate. Rabat a même mis sur place un organisme appelé l’agence nationale pour la régulation des activités cannabiques (l’ANRAC). D’ailleurs, c’est ce que vient de rapporter un quotidien espagnol, lui-même citant un site d’information marocain. Selon cette source « la première récolte de cannabis cultivée légalement sous le contrôle de cette agence a atteint, en 2023, 294 tonnes dans les régions autorisées de Chefchaouen, Taounate et Al Hoceima ». Cette quantité ne représente encore rien devant les 2 000 tonnes engendrant des milliards de dollars, sous contrôle des puissants barons liés au trône ! En apparence, l’ANRAC, créée en vertu d’une loi, est chargée « de mettre en œuvre la stratégie de l’Etat dans le domaine de la culture, de la production, de la transformation, de la commercialisation et de l’exportation de cette plante ». Mais en réalité, c’est dans un autre but. Il s’agit en clair d’enfoncer toute une population dans le trafic de drogue en vue de la contrôler par la suite sous plusieurs formes. Ce travail de sape conçu dans les bureaux des services de renseignements s’appuie sur une argumentation erronée, en soutenant que la variété de cannabis purement marocaine, connue sous le nom de « Beldia », qui a récemment reçu le feu vert de l’ANRAC est cultivée « pour sa singularité et les vertus thérapeutiques de ses dérivés ». Son usage industriel dans le secteur cosmétique ou pharmaceutique est autorisé. Le projet est appelé à s’étendre sur l’ensemble de la région du Rif dans le but d’entrainer toute une jeunesse dans un processus d’où il lui sera très difficile, pour ne pas dire impossible, de revenir. Les promoteurs de ce projet ne sont pas de simples investisseurs désireux relancer l’économie d’une région marginalisée. Mais de l’enfoncer dans le trafic de drogue, production et consommation entre autres, d’une manière légale. Pour la monarchie marocaine, tous les moyens sont bons pour détourner le Rif de ses revendications républicaines enracinées.

Mohamed M

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