De nombreux retraités, qui occupent des logements d’astreinte ou de fonction situés dans les établissements scolaires, se sont rapprochés de l’Est Républicain pour exprimer leur désarroi face à cette situation. Ayant consacré leur vie à l’éducation nationale et formé plusieurs générations, désormais actives dans le secteur public et privé, ces retraités se voient « jetés à la rue » ; un dossier sensible qui mérite une attention particulière des pouvoirs publics.
Kaddour, sexagénaire, concierge au collège Abdelhamid Bendjemil du chef-lieu de wilaya, est désespéré : « En 1993, j’avais déposé un dossier complet auprès des services de la daïra de Guelma dans l’espoir de décrocher un logement social locatif. Je percevais à cette époque un salaire mensuel d’environ 5.000 dinars. Je remplissais les critères exigés par le ministère de l’Habitat mais j’avais toujours été débouté lors de l’affichage des listes des heureux bénéficiaires, sous le motif que je disposais d’un logement de fonction. Depuis quelques années, je perçois chaque mois 35.000 dinars, sachant que le barème écarte systématiquement tous ceux qui perçoivent plus de 24.000 dinars. A présent, je n’ouvre plus droit à un logement social pour offrir un toit à ma famille et je sors en retraite début septembre 2024 ». Ces dernières années, des proviseurs de lycée, des censeurs, des directeurs de collège et d’école primaire et des enseignants ont été évacués de leur logement de fonction ou d’astreinte par des huissiers de justice assistés de la force publique. Ceux qui ne possédaient pas de logement personnel ont été relogés par leurs proches ou ont loué des appartements dans le secteur privé. Nos interlocuteurs affichent leur colère et appréhendent leur départ à la retraite, faute d’habitation personnelle. Ceux qui ont opté pour le Logement Social Participatif (LSP) ou AADL (Agence de l’Amélioration et du Développement du Logement, NDLR) sont condamnés à attendre pendant des années car la demande dépasse l’offre et les délais de réalisation sont énormes. Désespérés, nos interlocuteurs ne savent plus à quelle porte frapper pour les aider et comprendre leur douleur après trente à quarante ans de bons et loyaux services. Ils évoquent le cas pathétique d’une ancienne surveillante générale au collège Gahdour du chef-lieu de wilaya, qui vit seule dans un logement en préfabriqué en ruines, au milieu des rats et reptiles qui évoluent dans un environnement sale et nauséabond. Elle n’aurait pas été expulsée car son toit est tout simplement inhabitable. Ces citoyens saisissent l’opportunité de notre journal pour attirer l’attention des autorités locales et celle des pouvoirs publics aux fins d’être rétablis dans leurs droits. Ils espèrent que ce dossier sensible soit étudié par le gouvernement et que des décisions salutaires soient prises à des fins humanitaires.
Hamid Baali
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