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Candidat aux présidentielles anticipées ? : Le Président maintient le suspense

Après avoir pris de court tout son monde (classe politique et médias) en annonçant des élections présidentielles anticipées pour le 7 septembre prochain, donnant libre cours à toutes les supputations et spéculations sur les ressorts de cette décision majeure, le président Abdelmadjid Tebboune s’en est longuement expliqué hier dimanche, lors de son entretien avec des représentants de la presse. Prenant à rebrousse-poil, les scénarios et autres pistes de lecture échafaudés par des analystes, dans leurs tentatives de percer le mystère de cette décision, le président Tebboune remet l’église au milieu du village, expliquant qu’il avait pris le parti d’organiser une présidentielle anticipée « pour des raisons techniques qui n’ont aucune incidence sur cette échéance ou son déroulement ». « J’ai déjà donné certaines raisons sur cette question, et il y a même eu ingérence d’étrangers qui ont émis leurs propres spéculations à ce sujet », poursuit le président, estimant que « décembre n’est pas la date réelle de l’élection présidentielle ». En effet, suite à la démission du Président précédent, Abdelaziz Bouteflika, en 2019, le président du Conseil de la nation, feu Abdelkader Bensalah, a pris le pouvoir et a fixé une date pour l’organisation de l’élection. Cependant, l’organisation de l’élection n’était pas possible à ce moment-là, et le rendez-vous électoral a été reporté une fois de plus. « Décembre n’est pas la date officielle à laquelle nous organisons habituellement les élections en Algérie. Le reste n’est que philosophie et conjectures, qui varient selon les parties qui nous soutiennent ou qui s’opposent à nous », renchérit le chef de l’État, qui entend donc revenir au calendrier antérieur à l’élection du 12 décembre 2019, histoire de tourner symboliquement la page de la crise politique de 2019, née de la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika, sous la pression du Hirak. Pourquoi donc le début du mois de septembre pour le rendez-vous avec les urnes, qui suppose une campagne électorale en pleine canicule selon les prévisions météo ? Le président balaie du revers de la main ce contretemps météorologique, jugeant à contrario que le mois de septembre est « le moment propice pour la tenue de ce rendez-vous électoral, car coïncidant avec la fin des vacances d’été et le début de la rentrée sociale pour de nombreux Algériens, à l’intérieur et à l’extérieur, qui pourront ainsi exprimer leur voix ». Commentant les informations relayées par certains médias qui tentent de lier l’organisation d’élections anticipées à une crise au sommet du pouvoir, tandis que d’autres évoquent un départ imminent du président de la République du pouvoir, ce dernier, un poil ironique, a répondu que « ceux-là sont des personnes malades qui continueront à chercher à perturber la stabilité du pays en diffusant des rumeurs ». Pour lui, ces personnes n’ont rien compris aux subtilités du jeu politique en Algérie, concédant néanmoins que « ce qui émane de ces personnes est normal, car elles n’ont pas assimilé les leçons que leur ont enseignées les Algériens, qui sont conscients et ont un amour sincère pour la patrie. » Attendu sur la question de sa candidature, le président Tebboune a botté en touche, se limitant à dire : « Je pense que ce n’est pas le moment approprié pour répondre à cette question, car il y a encore un programme que je suis en train de mettre en œuvre ». Mais en annonçant des mesures post-élection présidentielle, par exemple le maintien de sa visite en France, qu’il qualifie d’ailleurs d’historique, ou encore la deuxième tranche de l’augmentation des salaires de 53 %, il est aisé de déduire que le président Tebboune est bien partant pour un deuxième mandat.

H. Khellifi

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