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Agriculture saharienne : Un enjeu stratégique

« Nous ne nous sommes jamais véritablement intéressés, scientifiquement et techniquement, au Sud », a reconnu le président de la République lors de la récente rencontre avec les représentants de la presse nationale. Un aveu qui est loin d’être anodin ou à usage médiatique conjoncturel. Mais des propos d’une rare réalité imposant aujourd’hui au pays la révision de sa stratégie agricole. Abdelmadjid Tebboune a indiqué qu’en matière d’irrigation, les régions du grand sud ne sont exploitées qu’à hauteur de 40% de leur potentiel réel. Il a également abordé la problématique des céréales, des fourrages et des élevages, qui, selon lui, auraient dû provenir du sud du pays. Tout en dénonçant « la mafia du maïs » qui a voulu maintenir la situation en l’état, le chef de l’Etat a souligné qu’ « entre Adrar et Aïn Salah, près de 9 millions d’hectares sont prêts à l’exploitation, sachant qu’un hectare irrigué au Sud donne le rendement de 2,5 ou 3 hectares au Nord ». Reprenant le sujet du maïs, la première céréale cultivée au monde et une des sources les plus importantes de l’alimentation animale, dont la résistance à la sécheresse est phénoménale, il a estimé qu’il « gagnerait à être cultivé au sud où les superficies agricoles sont disponibles avec une abondance de l’eau, au point que toutes nos céréales pourraient y être produites, pour consacrer le nord pour les légumineuses et les fruits ». Au sujet du stress hydrique qui frappe le pays, le président de la République, qui s’est voulu rassurant quant à l’alimentation de la population en eau potable, tout en préconisant l’adoption des moyens modernes, comme l’utilisation du goutte-à-goutte, le recours aux plantes rustiques qui ne consomment pas beaucoup d’eau, ou encore l’utilisation des eaux épurées pour l’irrigation dans le nord et les régions littorales. Par la même occasion, il a décrié la déperdition des eaux épurées qui ne sont pas exploitées, ou encore des eaux usées qui ne sont pas traitées, regrettant les pertes qu’enregistre le pays en la matière. Reconnaissant que ces aléas hydriques empêcheraient, probablement, l’atteinte des objectifs fixés cette année, ceci d’autant qu’il est, à ses yeux, impossible de cultiver l’ensemble des produits agricoles, Abdelmadjid Tebboune a estimé qu’il faut produire ce qui peut l’être et importer ce qui ne peut pas l’être. Il est à rappeler qu’en décembre dernier, la ville d’Adrar, capitale du Touat, cette région, qui connait une dynamique dans tous les domaines, a accueilli hier le premier colloque national sur l’investissement agricole dans le Sahara algérien. Dans son discours inaugural, le ministre de l’Agriculture a renouvelé l’appel des pouvoirs publics aux opérateurs du secteur afin qu’ils fassent preuve d’anticipation et de bonne lecture des perspectives, en investissant en force dans les wilayas du Sud. Saisissant cette opportunité, il a énuméré aux potentiels investisseurs, qui veulent contribuer de façon active et réelle à la consolidation de la sécurité alimentaire du pays, les aspects et les domaines que l’Etat compte mettre en avant pour faciliter leur installation. L’appel concerne aussi bien les investisseurs agricoles nationaux qu’étrangers. Il a assuré en outre que le renouveau agricole saharien s’inscrit en droite ligne dans les priorités du gouvernement. Rappelant les nombreuses facilités accordées par son département pour accompagner l’implantation de nouveaux investissements agricoles dans l’espace saharien, le ministre de l’Agriculture a fait savoir en guise d’information utile que 26% de la production agricole nationale est générée des terres du Sud. « L’agriculture saharienne occupe 7% de la superficie globale agricole en Algérie et produit 26% de la production nationale, dont 11% des céréales, 26% des légumes et plus de 98% de la production nationale des dattes » a-t-il expliqué.

MM

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