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Deux grandes figures du syndicalisme algérien : Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda

La fête du travail a toujours constitué une occasion et un alibi justifié pour évoquer deux grandes figures du syndicalisme algérien : Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda. Le premier a été l’un des principaux fondateurs de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le second a été un des syndicalistes les plus en vue ayant marqué de son empreinte la période qui a suivi l’ouverture politique en Algérie, fin des  années 1980, début des  années 1990. Le premier a participé à la lutte contre le colonialisme avant d’être incarcéré et torturé jusqu’à la mort par l’armée française ; et le second fût un des farouches opposant au courant islamiste avant d’être assassiné en janvier 1997 devant le siège central de l’UGTA à Alger. Révélé aux Algériens au lendemain des douloureux, événements du 5 octobre 1988, quand en juin 1990, il fut élu secrétaire général de l’UGTA, et le demeura jusqu’à ce jour funeste du mardi 28 janvier 1997, l’histoire retiendra qu’il a été le premier syndicaliste à avoir revendiqué, à l’occasion de la tenue en novembre 1991 de la première tripartite de l’histoire de l’Algérie, la mise en place d’une allocation chômage. Il fût également intraitable dans la défense du pays et sa stabilité, à protéger les droits des travailleurs et à améliorer leur situation socioprofessionnelle en dépit des conditions difficiles que traversait le pays durant cette période. Comme il fut un des principaux initiateurs du Comité national pour la sauvegarde de l’Algérie (CNSA), qui fit barrage à l’hégémonie du FIS. En républicain convaincu, il constitua une bête noire pour les tenants de l’extrémisme religieux violent. En un mot, il a été sans concession face aux fossoyeurs de la République. En 1993, le terrorisme venait de prendre pied en Algérie. Les assassinats succédaient aux attentats à un rythme fou. Le 14 mars, Hafid Senhadri, membre du Conseil consultatif national, une sorte de parlement transitoire installé par Mohamed Boudiaf, est mortellement blessé par balles à Alger. « C’est la première fois que les terroristes, dont les forces de l’ordre constituent la cible essentielle, s’en prennent à une personnalité politique civile ». Deux jours plus tard, Djilali Liabès, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, est tué par balles dans la banlieue de la capitale. Le même jour, le ministre du Travail et des Affaires sociales, Tahar Hamdi, est blessé dans un autre attentat. Le lendemain, c’est Laadi Flici, membre du C.C.N., est assassiné dans son cabinet médical. Ce fût un mois sanglant. Abdelhak Benhamouda appela alors à une marche nationale contre le terrorisme. Le 22 mars, des centaines de milliers d’Algériens, pour n pas dire des millions, défilèrent dans de nombreuses villes. La mobilisation a été assurée essentiellement par l’UGTA. Les marches n’arrêtèrent pas le terrorisme, mais montrèrent au monde que la majorité des Algériens étaient contre l’intégrisme et ses bras armés, adressant n cinglant démenti à la propagande véhiculée par les chaînes de télévision françaises. Abdelhak Benhamouda, qui commençait à prendre de l’envergure, s’avéra un politicien hors pair. En un temps relativement très court, et grâce à sa popularité grandissante, il se mit dans la peau d’un potentiel présidentiable. Mais son élan fut interrompu un certain mardi 28 janvier 1997. Ce jour-là, Abdelhak Benhamouda, son chauffeur et son garde du corps, qui venaient de quitter le siège de la Centrale syndicale, place du 1er mai en plein centre d’Alger, furent assaillis par un groupe terroriste. Il était midi passé. Surpris par l’attaque, le SG de l’UGTA n’eut pas le temps d’utiliser son arme personnelle. Touché mortellement, ainsi que les personnes qui l’accompagnaient, il s’écroula ; mais avant de sombrer dans le coma, il eut ces mots, dont le retentissement est toujours présent : « Kamel, mon frère, ils nous ont trahis ». Quelques heures plus tard, il succomba à ses blessures à l’hôpital Mustapha, situé à une centaine de mètres de la maison du peuple, siège de l’UGTA.

Mohamed Mebarki

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