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Ces chevaliers de la plume …

Proclamé en 1993 par l’assemblée générale de l’ONU Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai est célébré en Algérie, à l’instar des autres pays, du moins ceux dont l’histoire est intimement liée au sacrifice des journalistes, cette conscience vivante ayant alimenté tous les combats pour l’affranchissement de toutes les servitudes, depuis la période obscure de la colonisation. D’autant plus que cette date avait été proclamée alors que l’Algérie venait d’être entrainée dans une décennie noire, durant laquelle la presse allait payer un lourd tribut à la lutte antiterroriste. Il est donc très difficile de marquer une halte, à l’occasion de cette circonstance, sans évoquer celles et ceux qui sont partis en faisant face à l’obscurantisme. « Si tu parles, tu meurs, si tu te tais tu meurs, alors dis et meurs ». Qui se souvient de cette sentence ? C’est Tahar Djaout qui l’avait prononcée, quelques jours seulement après avoir quitté l’hebdomadaire Algérie actualité et donné naissance à Ruptures, un autre hebdomadaire foncièrement anti-intégriste. Le 26 mai 1993, il est victime d’un attentat terroriste à Baïnem (Alger), avant de succomber à ses blessures le 2 juin. L’Algérie entière est sous le choc. Plus de quatre mois plus tard, le 18 octobre 1993, c’est au tour de Smaïl Yefsah, journaliste à la télévision, d’être la cible du terrorisme. Les Algériens venaient de le connaitre grâce à ses reportages durant la guerre du Golfe. Depuis, plus de cent journalistes ont été assassinés, parfois dans des circonstances insoutenables. À Constantine, Makhlouf Boukhzar, journaliste sportif à la télévision, est enlevé de chez lui par des hommes cagoulés. Le 3 avril 1995, son corps sans vie est retrouvé dans le coffre de sa voiture. Toujours à Constantine, Hakim Taakoucht, journaliste à la radio, est assassiné dans des circonstances troublantes. Considérée comme une ville qui a donné naissance à des générations de journalistes, à commencer par Abdelhamid Benbadis, le réformiste religieux, Malek Haddad, l’homme de lettres et Benslama, une plume hors pair, la capitale de l’Est a toujours été un terroir pour les médias. En ce jour du 3 mai, un hommage appuyé est réservé à un autre vétéran du métier : Boubakeur Hamidechi, l’immense talent. Il continue toujours de donner le meilleur de lui-même ! Cette occasion est également propice pour évoquer ceux qui ont disparu, à commencer par Adlane Hamidechi, son fils, Kamel Ghimouze et Abderrahim Kadoum, victimes du Covid-19. Et la liste est hélas encore longue, dans laquelle on retrouve l’atypique Ali Bouacida Abdelhamid, Allaoua Bouchelaghem, ancien directeur de la station régionale de la radio à Annaba et à Constantine, Rabah Belmili, journaliste radio à Constantine, emporté lui et sa petite famille par le monoxyde de carbone, Zoubir Souici, un des fondateurs du Soir d’Algérie, Salim Mesbah, Mustapha Bouchetib, Aboud Mohamed Larbi, Hocine Tafer, Mohamed Houmor et Hamoudi Boutiti (photographe), des anciens d’El Heddaf. Citons encore Chafik Beldjoudi, Mohamed Salah Bourenni, Nacer Hannachi, Yazid Boutefnouchet et Chaâbane Zerrouk, sans omettre d’évoquer Mohamed Saoudi, Rabah Oudjani, Amar Nadir, Djamel Saadallah et Salah Berkane (L’Est Républicain). 

Mohamed Mebarki

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