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Commémorations des massacres de mai 1945 : Un vernissage sous le signe de la liberté et la mémoire à Sétif

Il a bien mijoté son coup, ou plutôt sa sortie. L’artiste-peintre Boubakeur Smaane, travaillant loin des projecteurs, est certainement ravi de présenter au grand public 79 toiles, aussi belles les unes que les autres. Le choix de l’artiste n’est pas fortuit. A travers, une telle démarche, l’ancien élève de l’école supérieure des beaux-arts d’Alger commémore à sa façon le 79ème anniversaire des massacres de mai 1945. Ainsi, les allées et la superbe galerie du musée national de Sétif seront, du 8 au 30 mai, ornées de 79 toiles « parlant » de  « La fraîcheur de l’azur », de  « La mosaïque de notre culture »,  du  « Bonheur en couleur »,  « Des visages d’émotions », de  « La chute des anges », des « Lignes de fuite » du « Dynamisme urbain », de « L’aventure de la vie », de l’« Éclat du cristal », de l’« Homme bleu » et des « Coquelicots », pour ne citer que ces thèmes. Perfectionniste, l’élève de Hassen Chayani et Denis Martinez a été impressionné dernièrement par l’extraordinaire galerie jaune où Boubakeur Smaane apporte les dernières retouches. Se ressourçant au contact de la nature, au milieu des arbres et des montagnes du Guergour, de Babors, Beni Ouartilane, et de Boutaleb, l’artiste-peintre a hâte d’exposer aux passionnés d’art de Sétif et d’ailleurs, le fruit d’une riche et longue carrière. Les disciples de l’art d’un certain niveau vont faire une immersion dans l’univers de Boubakeur-l’adepte de Mondrian et Kandinsky, le père de l’abstrait. N’ayant pas emprunté ce chemin par pur hasard, l’artiste a choisi le moderne et le contemporain. « L’abstrait, c’est plus qu’une tendance, c’est la philosophie des couleurs, des formes, des trames et des mouvements. Il n’est pas figuratif. Il est particulier. Car il a la singularité de décortiquer les détails d’un regard, de mettre en lumière l’expression de la nature. Dans la peinture abstraite, il y a des formes géométriques traversées de lignes et de silhouettes s’apparentant à un océan déchainé », explique l’artiste habité par ce génie de M’hamed Issiakhem. Pour revenir à l’important événement donnant une autre dimension à l’acte culturel de l’antique Sitifis et aux commémorations du plus horrible pogrom perpétré par la France coloniale à huis clos, et ce, quelques heures après la fin de la deuxième guerre mondiale, l’artiste plaçant son vernissage sous le signe de la « Liberté » retrace des contours : « Ce n’est pas du tout évident d’organiser un tel événement, nécessitant de surcroît une très grande organisation et une importante logistique. L’exposition est une invitation à un voyage sensoriel au cœur de l’art abstrait. Les formes géométriques et les couleurs vibrantes s’entremêlent pour créer une symphonie visuelle unique, transcendant les mots et les frontières. Chaque toile est une ode à la liberté, une célébration de l’expression artistique sans limite et un appel à la réflexion sur l’histoire et l’identité algérienne. Ce vernissage est dédié aux martyrs de mai 1945 et aux enfants de Ghaza, victimes de la barbarie sioniste ». Et d’enchaîner : « Regorgeant de vestiges des civilisations anciennes, le musée national de Sétif – destination de prédilection de milliers de visiteurs et étrangers, dont le corps diplomatique, est l’endroit idoine pour l’organisation de telle manifestation. Réveiller les vocations en herbe, encourager les jeunes peintres à se jeter dans l’eau, est l’autre objectif du rendez-vous. L’événement sera une occasion pour discuter et échanger avec aussi bien les initiés que les simples visiteurs. Monter un vernissage d’une telle dimension et à l’occasion d’une date historique n’est pas une simple sinécure. Je voudrais remercier mes proches, mes amis, le directeur de la Culture et des Arts de Sétif, la directrice du musée ainsi que les gens de la presse pour leur soutien et aide précieuse. C’est grâce à eux que j’ai pu monter ce vernissage-le premier d’une nouvelle aventure », révèle à L’Est Républicain, non sans une forte émotion, l’artiste conviant le grand public à découvrir la face cachée de l’expression artistique algérienne, ne bénéficiant malheureusement ni de « sponsors » ni de « mentors » ni de faux « tapage médiatique », une exclusivité des « copains » et des « recommandés ».

K. Beniaiche   

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