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Hommage : Tahar Djaout, le chercheur d’os

Le 2 juin 1993, il y’a 31 ans jour pour jour, Tahar Djaout succombe à ses blessures, après avoir été, une semaine plutôt, le 26 mai, victime d’un attentat terroriste à Baïnem, dans la banlieue ouest de la capitale. Il a été un des premiers journalistes, si ce n’est pas le premier à avoir payé le prix fort de sa résistance au courant obscurantiste, qui voulait ramener l’Algérie des siècles en arrière. Homme de lettres par excellence, il s’était distingué durant toute sa carrière par une vision éclairée de la société algérienne. Son nom est demeuré collé à l’expression « la famille qui avance et la famille qui recule », à travers laquelle il s’est positionné aussi bien intellectuellement que politiquement. La fameuse réplique qui lui a été attribuée « si tu parles, tu meurs, si tu te tais tu meurs, alors dis et meurs », illustre bien une partie de sa personnalité. Homme de culture par vocation, il a consacré de nombreuses années à la découverte du riche patrimoine légué par des générations d’intellectuels algériens. Que ce soit au sein de la rédaction du quotidien El Moudjahid ou parmi l’équipe de l’hebdomadaire Algérie actualité, Tahar Djaout ne ménagea aucun effort dans sa quête des éléments constituant la singularité de la personnalité algérienne. Dans son roman « Les chercheurs d’os », c’est une investigation de l’histoire et du passé d’une nation, qui a essayé de résister à toutes les aliénations. Après l’ouverture démocratique survenu suite aux événements douloureux d’octobre 1988, il donna naissance à sa propre publication ; « Ruptures », un hebdomadaire où signaient Abdelkrim Djaâd, Arezki Metref, Nadjib Stambouli, Saïd Mekbel, et Rachid Boudjedra entre autres. C’était une tribune pour tous ceux qui s’opposaient à l’intégrisme et à ses gourous. Il était également intransigeant envers tous ces opportunistes, qui étaient prêts à se compromettre avec les islamistes pourvu qu’ils préservent leurs privilèges. C’est d’ailleurs cette intransigeance qui l’avait mis au-devant de la scène. Le GIA venait de l’inscrire sur la liste des intellectuels auxquels il ne laissait que deux alternatives, la valise ou le cercueil, dans une Algérie ravagée par un terrorisme barbare, partisan de la terre brûlée. Tahar Djaout est mort, mais ses idées sont encore parmi nous dans une Algérie émancipée et souveraine.

Mohamed Mebarki

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