L’ambiance de Aïd al-Adha n’est plus ce qu’elle était en raison de la flambée des prix des moutons, au grand désarroi et à l’amertume des ménages et de leurs enfants. Habituellement, durant les jours précédant cette fête, on entendait le bêlement des moutons et des agneaux résonner dans les maisons et les appartements des cités.
On voyait également les enfants, avec un air joyeux, promener ces bêtes dans les champs. Ces animaux étaient choyés, on leur donnait à boire et à manger. La veille de l’immolation, on les prenait en photo et on leur appliquait du henné. Aujourd’hui, c’est le calme plat. Plus de bêlements, plus de promenades. Ils ont laissé place à l’amertume, aux regrets et à la nostalgie du bon vieux temps où, selon ses moyens, on pouvait encore pratiquer ce rituel religieux. De nos jours, ce n’est plus le cas. Il faut disposer d’une véritable fortune pour s’offrir une bête à toison dont les prix commencent à partir de cinq millions pour un agneau d’à peine sept à huit kilos. Quant au bélier, il n’y a même pas à y penser. Pour en disposer, un minimum de 15 millions est requis. « C’est frustrant ! », dira un père de famille ayant acheté un agneau qui ne paye pas de mine pour sept millions. Ses enfants, pas du tout satisfaits, lui ont fait savoir qu’ils n’en voulaient pas. Selon ses dires, il a été contraint de le changer contre un autre en rajoutant trois millions, soit dix millions au total, pour un agneau « qui remplit l’œil ». Beaucoup hésitent encore, espérant une baisse des prix à deux ou trois jours de l’Aïd. Une aubaine peu probable quand on sait que les pâturages sont disponibles, grâce aux bonnes conditions climatiques cette année. En attendant, ils sont nombreux à sillonner les souks à bestiaux, en quête d’un mouton avec un prix plus ou moins abordable.
Iheb
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