Au terme de huit ans de travaux acharnés, un budget colossal et une infinité de visites ministérielles pour lancer, relancer et booster le projet de la gare maritime du port d’Annaba, cette dernière devrait éventuellement accueillir deux traversées pour ce qui reste de la saison estivale 2024. Le lancement de la gare maritime d’Annaba en 2023 a été couronné de six traversées entre Marseille et Annaba. L’idée était simple : rentabiliser l’investissement de l’Entreprise Portuaire d’Annaba qui a financé l’ensemble du projet. Cependant, cela semble peu probable aujourd’hui, au vu de la programmation d’Algérie Ferries pour la wilaya d’Annaba en 2024. En effet, il est question de deux traversées programmées. La première est prévue demain, lundi 5 août, bien que les sources d’information ne soient pas très claires à ce sujet. La deuxième traversée, dont la date n’a pas encore été fixée, devrait avoir lieu en septembre. En parallèle, la wilaya de Skikda est programmée pour une traversée en août, contre treize traversées à la wilaya d’Alger entre les samedis 3 et 31 août. De plus, avec les pannes qu’enregistrent les navires le « Tassili II » et l’affrété italien le « Moby Dada », ces dates sont pour le moins « fluctuantes ». Cette situation et l’état actuel de la gare maritime de la wilaya d’Annaba ont soulevé des questions légitimes auprès des citoyens. Qu’est-ce qui a changé au fond ? Aujourd’hui, la wilaya d’Annaba a gagné, en apparence, une structure architecturale disposant des dernières technologies de pointe, au prix de sept milliards de dinars. Une structure bâtie pour une fonction qu’elle peine aujourd’hui à remplir et à rentabiliser, avec seulement deux utilisations par an, dont les dates peuvent changer ou simplement être annulées. Ce n’est pas tout : durant toute la période de construction de la gare maritime, entre 2016 et 2023, la moitié du projet consistait en des restaurants, commerces et terrasses. Cette partie, représentant 50 % du projet, n’a toujours pas été mise en service à ce jour. Un point sur lequel le ministre des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh, a fortement insisté lors de sa visite d’inspection en avril dernier. À l’époque, il était question de la Société d’Investissement Hôtelière (SIH) qui devait s’occuper de ce volet du projet et donner un souffle de vie aux commerces. Ces derniers prennent toujours la poussière et l’humidité, la SIH semblant s’être retirée de l’équation. Ce qui nous ramène au constat d’aujourd’hui : certes, la wilaya d’Annaba dispose d’une gare maritime aux formes contemporaines, mais un an après sa mise en service, elle reste à moitié inexploitée, tandis que l’autre moitié est largement sous-utilisée.
Soufiane Sadouki
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