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Sahel : La leçon de diplomatie d’Ahmed Attaf

Les propos peu diplomatiques prononcés par le vice-Premier ministre du Mali à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies n’ont pas manqué de susciter une réponse. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a en effet donné une leçon de diplomatie au responsable malien, préférant la sagesse à l’insulte. Lors de son intervention d’avant-hier lundi devant l’instance onusienne, Attaf a répondu de manière polie, mais ferme et sans mentionner directement le responsable malien. « Le représentant d’un État voisin a tenu, dans cet espace, des propos très bas sur mon pays, dans un langage inadapté à cette auguste assemblée », a indiqué d’emblée le ministre, ajoutant qu’« il n’est pas approprié de le suivre dans son impulsion verbale futile et vile ». « À ce langage bas et impoli, l’Algérie ne répondra que par un langage élégant, qui traduit sa fidélité et sa loyauté à ce qui la lie aux États et aux peuples de la région. Des liens ancrés qui ne s’affectent pas et ne s’ébranlent pas par les facteurs conjoncturels passagers, dans leur médisance et la médiocrité de ceux qui sont la cause de leur malheur », a assuré le chef de la diplomatie algérienne. Après sa réplique, Attaf a réitéré la disponibilité de l’Algérie à contribuer au règlement de la crise politique et sécuritaire au Sahel. « Mon pays a une volonté forte et une main tendue à chaque fois que les circonstances exigent de traiter avec nos frères pour l’édification d’un Sahel qui jouit de la sécurité et de la stabilité », a-t-il déclaré. La veille, le vice-Premier ministre du Mali avait pour rappel affirmé que son pays n’était pas « une wilaya de l’Algérie », faisant référence à l’insistance des autorités algériennes sur la nécessité de régler le problème malien par des voies politiques, alors que les autorités maliennes privilégient pour l’instant une solution militaire, avec le soutien des Émirats arabes unis, du Maroc et de la Russie. Mais sur le terrain, les autorités de Bamako semblent perdues. Plus de trois ans après le double coup d’État de 2020 et 2021, aucune perspective politique ne se dessine. La junte au pouvoir ne fait que s’attaquer aux positions des groupes Azawad dans le Nord. En revanche, les groupes djihadistes, le JNIM (Jamat Nasrat Islam wa el Muslimin), affilié à Al Qaïda, et le groupe État Islamique au Sahara, imposent leur loi. Ils ont même réussi à pénétrer dans l’aéroport international de Bamako, où ils se sont déplacés librement, allant jusqu’à jouer avec l’avion présidentiel, tandis que les militaires chargés de protéger l’enceinte aéroportuaire prenaient la fuite. Au Nord, l’armée malienne, soutenue par des miliciens de Wagner, prépare une nouvelle offensive pour récupérer certaines localités de la région, visant à réoccuper des zones échappant au contrôle du gouvernement malien depuis de très longues années. Une tentative similaire en juin dernier s’est soldée par un carnage dans les rangs des militaires maliens et des miliciens russes.

Akli Ouali

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