Il est de la lignée des Aouissi, Hansal, Kouradji, Sendid, Lacarne et Benghezal et est considéré à l’unanimité comme un des meilleurs arbitres de la planète foot. Qu’une partie du public algérien aille jusqu’à lui dénier son mérite, cela n’enlève rien à la justesse d’une telle distinction, qui peut même être un motif de satisfaction nationale, au milieu d’une Ligue 1 sujette à toutes les critiques. Mustapha Ghorbal a démontré, en diverses occasions, particulièrement lors des rencontres internationales se déroulant à l’étranger, une maitrise intégrale d’un métier qui n’arrête pas de s’« inviter » au banc des accusés en Algérie. Aussi paradoxale qu’elle soit, sa mise en orbite repose sur une reconnaissance mondiale, elle-même basée sur un jugement des plus objectifs, loin de tout calcul. Elle n’est pas hors norme, même si dans les compétitions nationales, sa silhouette arrive péniblement à dissiper, ne serait-ce qu’une infime partie de la « laideur » qui s’en dégage. Si ses aînés cités plus haut ont évolué à des époques où la sérénité n’avait pas encore quitté les stades et le milieu du football, lui exerce dans un environnement plus compliqué et plus vicieux. Son ascension dans le monde de l’arbitrage algérien, puis international, ne pourrait être un conte de fées. Si son nom a été retenu parmi 19 autres, dans une liste d’où sortira le meilleur arbitre du monde pour l’année 2024, ce n’est certainement pas par accointance ou à la suite d’un exercice d’influence. Sur le terrain, il est arrivé à faire de l’ombre à ses homologues et son ascension est amplement méritée. Sur le plan personnel, Mustapha Ghorbal ne peut que se réjouir d’une nomination aussi prestigieuse. Sur le plan local cependant, rien ne prouve pour le moment qu’elle va servir de justification opportune à une révision globale de la situation du football national, dont l’arbitrage est l’un des fondements. Faut-il s’en désespérer pour autant ? Ne faudrait-il pas d’abord se demander pourquoi ces consécrations internationales n’arrivent pas à avoir le moindre impact chez nous et avoir le courage de remettre en question de nombreuses « pratiques », qui entravent la marche vers l’éthique sportive ? Dans la tête de Mustapha Ghorbal trône, dans une place privilégiée, Pierluigi Collina, le meilleur arbitre du monde de tous les temps. Et dans les têtes de ceux qui ont les moyens légaux d’entreprendre des changements pour sortir le football algérien d’un anéantissement moral absolu ? Un anéantissement accompagné d’un chauvinisme public et parfois médiatique, dont certains effets font craindre le pire sur la cohésion sociale. Partie prenante de la compétition, l’arbitre a le devoir d’agir dans le plus pur respect des règles et le droit d’exercer dans des conditions très proches des normes. De la prospection de jeunes talents aux mouvements des foules, en passant par le recrutement, les contrats, l’argent et les affaires, le milieu du foot ratisse large de par sa nature. La moindre intervention dans cette « galaxie » exige l’attention au plus haut niveau, particulièrement dans les pays où ce sport remplit plusieurs missions. L’arbitre est dans ce cas un acteur majeur, dont l’intégrité doit absolument être confortée par une connaissance incontestable du football, de son esprit et de ses influences. Abdelkrim Benghezal est un de ces anciens arbitres qui ont marqué l’histoire du foot algérien, et l’histoire du foot constantinois en tant qu’édificateur de clubs. Il a donné naissance à l’une des meilleures formations, le CS Constantine, l’année où il a pris en charge un club en pleine tourmente évoluant en D2.
Mohamed Mebarki
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