Où va la Syrie ? La coalition armée qui a pris le pouvoir dans ce pays après la chute de Damas est-elle en mesure d’éviter l’anarchie et le chaos ? Celle-ci, dirigée par un certain Abou Mohammed al Joulani, qui a combattu en Irak sous l’égide d’Al Qaïda et de Daech, avant de créer, avec d’autres islamistes en 2012, un groupe armé nommé « front Al nosra », s’est emparé de la capitale syrienne sous l’œil bienveillant de l’Occident. Il a aujourd’hui été curieusement accrédité de toutes les bonnes intentions par les médias occidentaux et également par certains cercles israéliens. Ces derniers proclament déjà à travers leurs porte-voix qu’ils ont joué un grand rôle dans la chute de Bachar Al Assad. Simple propagande ou message adressé à leurs sous-traitants en activité ? Il est intriguant de constater qu’un individu désigné comme terroriste et dont la tête a été mise à prix par les États-Unis et les pays européens, se retrouve aujourd’hui à la tête d’une « rébellion » et conviée par certaines capitales à dessiner l’après Al Assad et à poser les fondements d’un État démocratique. Quel retournement de situation ! Au-delà de l’opinion largement partagée par le peuple syrien. Celui-ci risque d’ailleurs de voir ses rêves de « liberté » se transformer en cauchemar, au vu du nombre impressionnant des « acteurs » sur le terrain et des parties prenantes, impliquées d’une manière directe ou non dans ces événements. Il y a lieu de se poser des questions à propos des capacités de cette coalition armée à protéger et à préserver la souveraineté de la Syrie, dont une partie du territoire est convoitée. Au-delà de la liesse populaire montrée par certaines chaînes de télévision comme Al Jazeera ou Al Arabiya, l’avenir ne se dessine pas encore et reste sombre, malgré les intentions de bonne volonté. Le pays se risque dans l’inconnu, sous les yeux d’une ONU dépassée par les événements et dans une région embrasée. Une sorte de « géographie de la douleur », où des dizaines de millions d’êtres humains sont « parqués » dans une zone où tout est inflammable, des pneus aux âmes désespérées. L’espoir du peuple syrien risque d’être englouti par les enjeux géostratégiques et le nouveau désordre ordonné par les multinationales du crime. Ce qui s’est passé en Irak et en Libye devrait être médité. Tout ce que nous avons pu récolter des différents médias comme information au sujet de la « couveuse » infernale, d’où sortent quotidiennement des centaines de croquemorts armés jusqu’aux dents et prêts à l’emploi, ne suffit pas pour recomposer un puzzle géostratégique élaboré par des cerveaux « arrachés » à l’élite de l’élite mondiale, et mis en œuvre par des filières non conventionnelles, montées de toutes pièces par certains services de renseignements.
Mohamed Mebarki
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