
Jour après jour, les relations algéro-françaises connaissent de nouveaux rebondissements et sombrent chaque jour davantage dans le brouillard, à cause notamment d’un double langage venu de Paris. Deux jours après la convocation par le ministère des Affaires Etrangères de l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet à qui les autorités algériennes demandaient des explications suite à l’annonce de manœuvres militaires conjointes entre son pays et le Maroc, Josepha Bougnon, la porte-parole adjointe du Quai d’Orsay, le siège du ministère français des Affaires Etrangères, a indiqué à un média panarabe que son pays cherchait toujours une voie diplomatique pour régler la crise avec l’Algérie. Dans un entretien accordé au quotidien arabophone «Alhurra», Mme Bougnon estime qu’«il n’y a pas de place pour une escalade dans laquelle ni l’Algérie ni la France n’auraient d’intérêt », soulignant que Paris «reste attaché à sa relation unique et de longue date avec l’Algérie et le peuple algérien. Il y a encore de la place pour le dialogue». Une déclaration de bonnes intentions qui s’ajoute à celles du président Emmanuel Macron qui avait affirmé, quelques jours auparavant, que la France n’allait pas « dénoncer » seule les accords de 1968 signés entre les deux pays recadrant ainsi son premier ministre François Bayrou et son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau qui, eux, ne cessaient de formuler des menaces explicites contre l’Algérie. Deux jours avant cette sortie plutôt conciliante, le secrétaire général du ministère des Affaires Etrangères avait révélé que le Maroc préparait, avec le soutien de la France, des manœuvres militaires à la frontière algérienne ; ce que Alger considère comme une « provocation». Si l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet a été plutôt bien traité puisqu’il a été « reçu » et non pas « convoqué comme c’est d’usage habituellement, le ton a été ferme. « Cette audience a eu pour objectif d’appeler l’attention du diplomate français sur la gravité du projet de manœuvres militaires franco-marocaines, ‘CHERGUI 2025’ dont le nom est très évocateur, prévues en septembre prochain, à Er-Rachidia, non loin de la frontière algérienne », indique le communiqué du ministère. Cet épisode, intervenu en pleine crise diplomatique, ne pourra pas arranger une crise déjà compliquée entre les deux pays. En plus des déclarations souvent hasardeuses du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’ajoutent ces ambivalences dans la gestion du dossier algérien. Une approximation qui ne fera qu’amplifier la perte de confiance qui existait entre les deux pays. Sinon comment expliquer qu’en même temps que certains responsables français tentent de calmer le jeu avec notre pays, des ministres, de hauts responsables de l’Etat français partent visiter les territoires occupés du Sahara occidental et, plus grave encore, l’armée française prépare des manœuvres à nos
frontières ? Ces actes ne font qu’aggraver une situation déjà délétère et aucune déclaration ne peut désormais remplacer des actes !
Akli Ouali
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