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Dessalement de l’eau de mer : Une solution adaptée à fort potentiel

En procédant hier à la pose de la première pierre du projet de réalisation de la station de dessalement d’eau de mer de Cap Djenet dans la wilaya de Boumerdès, Abdelmadjid Tebboune vient de traduire solennellement à l’occasion du 61ème anniversaire de l’indépendance, un choix stratégique auquel a opté l’Algérie dans le but de mettre un terme aux effets du stress hydrique, qui s’est inscrit dans la durée depuis au moins quatre décennies à cause notamment des changements climatiques ayant bouleversé les données météorologiques au niveau planétaire. Même si l’option d’utiliser l’eau de mer pour répondre aux besoins d’une population du littoral estimée à plus de 15 millions de personnes a été retenue depuis 2005, la concrétisation de certains projets, pour ne pas dire tous, n’a pas été à la hauteur des attentes, puisque le problème d’approvisionnement des grandes villes côtières à l’image d’Annaba particulièrement n’a pas trouvé de solution. Le manque d’eau potable, particulièrement durant l’été, avait provoqué des émeutes, et la question que beaucoup d’Algériens ont posée est comment l’Algérie n’a pas réussi à se doter de moyens lui permettant de faire face au stress hydrique, alors qu’elle avait investi quelques 50 milliards de dollars dans le secteur, selon des estimations faites par des experts. Où est passé tout cet argent destiné à mettre un terme au calvaire subi par des millions d’Algériens ?  De l’argent dilapidé. Résultat : des populations entières sont demeurées en attente d’un approvisionnement régulier en eau potable. Il est donc clair que si l’Algérie compte miser aujourd’hui sur le dessalement, en se lançant dans la réalisation de dizaines de stations tout au long du littoral, c’est surtout en tenant compte des erreurs du passé. Désormais, la problématique de l’eau est considérée comme un des aspects de l’indépendance du pays. La preuve, au cours du lancement des chantiers de construction des stations de dessalement d’eau de mer de Cap-Djenet et de Fouka dans la wilaya de Tipaza, le président de la République a annoncé une mesure incitative en faveur des entreprises qui investissent dans ce segment d’activité. L’annonce traduit tout l’intérêt qu’accorde l’Etat à la question encore récurrente de l’eau potable. Les entreprises concernées bénéficieront d’une exonération fiscale atteignant les 80% ; et cette disposition sera contenue dans la loi de finances pour 2024. Jusqu’à aujourd’hui, l’eau dessalée représente un taux de 18% par rapport aux besoins en eau potable. L’entrée en service des 5 stations plus 6 autres, dont les travaux de réalisation seront lancés en 2025, le taux d’eau potable issu du dessalement atteindra 60% des besoins nationaux à l’horizon 2030. Il est à rappeler dans ce contexte, la création récente de l’agence nationale de dessalement de l’eau. Le décret portant création de cet organisme a été publié dans le journal officiel. Placée sous la tutelle du ministre de l’hydraulique, elle veillera à la mise en œuvre de la politique nationale en matière de dessalement de l’eau. Elle aura pour mission, la réalisation, l’exploitation et le maintien des stations de dessalement de l’eau et des infrastructures. Elle sera chargée également de mener toutes les actions et les opérations se rapportant au dessalement de l’eau, de mettre l’eau produite au niveau des stations de dessalement de l’eau à la disposition des organismes chargés de la distribution de l’eau. Comme elle est appelée à élaborer la stratégie nationale en matière de dessalement de l’eau,  à tenir à jour l’état des volumes de l’eau produite à veiller au respect de sa qualité, à veiller au respect des règles et normes techniques, de conception, de construction, d’aménagement et d’exploitation des infrastructures de dessalement de l’eau et des équipements y afférents.

Mohamed Mebarki

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