
Le 34ème sommet ordinaire de la Ligue arabe s’est ouvert hier dans la capitale irakienne, Baghdad, sous le thème : « Dialogue, solidarité et développement », avec la question palestinienne en tête de l’ordre du jour. Abdelmadjid Tebboune a fait finalement le choix de ne pas participer au « conclave », délégant son ministre des Affaires étrangères, qui a lu une allocution que le président de la République a adressé aux participants. Un choix opportun dans la mesure où la majorité des chefs d’Etats arabes ont « boycotté » une réunion condamnée à échouer dans un contexte marqué par les divisions profondes. La plupart des dirigeants des pays du Golfe n’ont pas jugé utile de faire le déplacement à Baghdad. Même le syrien Ahmed Al-Charaa a justifié son absence par les divergences, qui l’opposent aux Irakiens. Parmi les dirigeants présents figurent l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, Abdel Fattah al-Sissi, Mahmoud Abbas, et le président somalien. Le sommet de Baghdad vient de confirmer que la Ligue arabe, qui ne cesse de décliner depuis des décennies, est moribonde à tous points de vue ! Abdelmadjid Tebboune, dont l’allocution a résumé la situation dans nombre de pays arabes, qui se détériore à un rythme alarmant sur les plans sécuritaire, politique et économique, face aux tentatives d’ingérence étrangère, aura fait le bon choix en s’abstenant d’assister à un sommet, éclipsé politiquement et médiatiquement par la visite de Trump en Arabie Saoudite et aux Emirats. En appelant à une réforme d’une Ligue en pleine déliquescence, le président algérien n’a fait que souligner la nécessité de l’adapter aux nouveaux défis et aux enjeux sans précédent de cette époque. Née avant l’ONU et 43 ans avant l’Union européenne, la Ligue arabe n’a jamais réussi à s’imposer comme une organisation homogène digne de ce nom ; neutralisée par les conflits internes. Ce sommet, qui se tient dans un contexte régional tragique à Ghaza, en Cisjordanie, en Syrie, au Liban, au Soudan et en Libye, aura constitué une simple formalité, se limitant à réclamer « plus de pressions internationales pour stopper l’effusion de sang dans la bande de Ghaza et appelé à mobiliser des financements pour un plan de reconstruction du territoire palestinien dévasté par les bombardements israéliens ». Un sommet sans aucun impact sur la réalité dramatique et inhumaine, qui prévaut à Ghaza, dont la population est menacée de déportation. A ce propos, une chaîne de télévision américaine a rapporté que l’administration Trump compte transférer environ un million de Palestiniens de la bande de Ghaza vers la Libye. NBC News, citant un ancien responsable américain et des sources proches du dossier, a rapporté que « le plan est sérieusement envisagé, au point que l’administration en a discuté avec les dirigeants libyens ». « En retour, l’administration américaine a promis de fournir à la Libye des milliards de dollars de fonds que les Etats-Unis ont gelés il y a plus de dix ans ». De quel dialogue, de quelle solidarité et de quel développement, alors que des dizaines de milliers d’enfants et de femmes à Ghaza, en Somalie et au Soudan sont menacés de mort en raison du manque de nourriture ?
Mohamed Mebarki
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