Dans un passé pas lointain, le stade Tayeb Chellal (ex-jardin des sports) était l’espace de prédilection des jeunes sportifs et des élèves des célèbres lycées Malika Gaid et Mohamed Keroouani de Sétif, où la préservation, l’entretien, la maintenance et la mise à niveau des équipements publics ne sont plus le fort d’une agglomération placée en soins intensifs. Cette structure est implantée au cœur de la cité, à quelques encablures des sièges de la wilaya et de la commune. Celle-ci est, faut-il le rappeler, est propriétaire des lieux. Comme les apparences sont souvent trompeuses, la clôture extérieure ornée d’arbres s’avère un véritable cache-misère. L’espace qui a vu défiler plusieurs générations de grands basketteurs, handballeurs, volleyeurs et judokas est devenu non seulement un dépotoir mais le fief de la débauche, des dealers et des fumeurs de joints, au vu et au su de tout le monde. La démission du propriétaire qui a abandonné son bien en est la cause. Dire que dans les années 2010, le jardin avait le statut d’une unité placée sous la coupe d’un responsable dirigeant toute une armada de gardiens et de jardiniers veillant au grain. La transformation du terrain de handball en une aire de football payante a, la moins que l’on puisse dire, donné le coup de grâce au jardin ouvert aux oisifs et aux consommateurs de drogues. Pointée du doigt à maintes reprises, la situation des deux terrains de basket n’a pas offusqué outre mesure les responsables de la municipalité. Mieux encore, l’ex-jardin des sports est devenu une décharge où l’on déverse le reste de certains matériaux utilisés dans la réhabilitation du stade Mohamed Guessab. Par crainte de représailles, d’anciens utilisateurs de l’espace squatté tirent la sonnette d’alarme et demandent l’intervention des responsables à différents niveaux. « On ne peut dénoncer à visage découvert car on craint pour nos petites subventions. Nos petits clubs ne peuvent se passer des maigres aides de la commune réservant le grand pactole aux clubs de football. La descente aux enfers du jardin des sports détourné de sa vocation première nous afflige au plus haut degré. Les responsables chargés de la culture et des sports au sein de la municipalité sont au courant. Ils n’ont malheureusement pas levé le petit doigt pour venir au secours de la structure datant de l’ère coloniale. On n’a pas le droit de laisser ce patrimoine dans un tel état », révèlent sous le sceau de l’anonymat des membres du mouvement sportif sétifien. Contacté hier matin, samedi 1er juillet, le président de l’Assemblée Populaire Communale (APC), Hamza Belayat, un enfant du centre-ville, ne reste pas insensible. « Le jardin des sports fait partie de l’histoire du sport à Sétif. Pour en finir avec le squat et les dépassements, la structure sera rattachée à l’EPIC des sports (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial, ndlr) », dira le premier magistrat d’Ain Fouara, où les espaces de distractions et de loisirs se comptent sur le bout des doigts.
A. Bendahmane
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