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Défenseur passionné des Aurès et des Ziban : Rachid Hamatou, un parcours et des enseignements

Né en 1961 à Tahmamet (El Madher), à 24 kilomètres au nord-est de Batna, Rachid Hamatou est une de ces personnes que l’on ne peut regretter de connaitre tant il est avenant et d’une profonde culture. Enseignant de langue française, journaliste, photographe et auteur, il déborde de passion pour l’Algérie et particulièrement pour les Aurès qu’il ne cesse de défendre et de promouvoir à travers ses différentes activités. Son cheval de bataille est la préservation du patrimoine ancestral chaoui embrassant l’architecture, l’art culinaire, la couture, la poterie, les chants folkloriques et l’idiome local amazigh. Il répond courtoisement à quelques questions de L’Est Républicain.

Quels enseignements vous ont apporté vos différents métiers ?

Je suis tenté de dire « mille métiers, mille misères » pour ne pas tordre le cou à cet adage mais c’est faux. L’enseignement, le journalisme de proximité et la photographie permettent d’aller à la rencontre des femmes et des hommes et il n’y a pas plus enrichissant pour tisser des relations sociales et humaines. On peut passer à côté de cette humanité mais la maturité nous offre la sensibilité nécessaire pour comprendre combien cela est important. Être face à des élèves, des lycéens ou étudiants est une expérience, débattre avec un berger des steppes ou avec un montagnard sont deux expériences différentes, mais cela n’empêche que c’est l’Homme qui est au centre de cette même expérience et il faut savoir en profiter, voire apprendre à en profiter.

Quel destin a connu votre bel ouvrage intitulé « Raconte-moi les Aurès » ?

Mon ouvrage « Raconte-moi les Aurès » est une boule de neige que j’ai commencé à rouler depuis ma tendre jeunesse. J’ai toujours voulu parler des Aurès et de ses richesses.  Élaborer ce beau livre a été une opportunité que m’a offerte le haut commissariat à l’amazighité. Par son truchement, j’ai pu promouvoir notre région à Marseille, Paris et Madrid. Je l’ai présenté aussi à Biskra où les habitants des Ziban l’ont merveilleusement accueilli. Cette première expérience d’auteur m’a ouvert les portes pour d’autres horizons. Au passage, je remercie notre ami Lamine Sriti pour sa contribution gracieuse à la correction du livre. Nous sommes loin des standards internationaux, les auteurs restent à la merci des prédateurs et marchands de tapis qui infestent le domaine de la publication et de l’édition. Il est évident que la tutelle doit sévir.

Peut-on dire que le massif des Aurès, berceau de la Révolution, reste encore méconnu ?

Quand on sillonne cette région du pays, nous sommes pris par le sentiment de fierté car les Aurès sont un haut lieu de notre glorieuse Guerre de libération nationale et qu’elle porte encore les stigmates de ce traumatisme en dépit du temps qui passe. Mais un autre sentiment émerge aussi. Celui de l’incompréhension, suscité par l’absence d’infrastructures et de routes de désenclavement et de création de richesses. Les zones d’ombres ne doivent plus exister, ni dans les Aurès, ni ailleurs dans le pays. Peut-être que le relief connaitra de meilleurs jours avec le retour à la terre et avec des unités de transformations. Lors de mes sorties et missions de travail, en reportage, aussi bien dans les oliveraies que dans les pommeraies, j’ai remarqué que celles-ci ne cessent de grandir dans les différentes wilayas où s’étendent les Aurès. Une projection et des études sérieuses sont impératives pour une autosatisfaction alimentaire. Imaginez un échange entre les Ziban et les Aurès où les populations ont su créer, au cours des siècles, un syncrétisme culturel et où elles ont toujours vécu en harmonie et dans un destin commun.   

Comment s’est déroulé le périple des jeunes américains que vous avez guidés pour une découverte de la région aurésienne au mois de juin ?

En effet, j’ai reçu et guidé de jeunes étudiants américains qui ont fait connaissance avec une partie des Aurès et avec les Ziban. C’est une nouvelle expérience ô combien enrichissante. De nos jours, avec l’Open source, les réseaux sociaux et les moteurs de recherches, les touristes ne viennent pas pour découvrir mais pour vérifier leurs informations. Dotés de tablettes et de smartphones aux puissants traducteurs, ces jeunes touristes avaient déjà fait connaissance avec Imedghassen, Ghouffi, Timgad et d’autres sites. Ils attendaient qu’on leur offre un bonus. Ils ont adoré ce périple et ont aimé et repris deux fois de la chekhchoukha de Biskra et de Ghassira. Nous avons des atouts énormes introuvables ailleurs. Cela reste théorique si rien n’est fait pour que le tourisme prenne son envol, d’autant plus que tout le monde veut visiter l’Algérie.

Que préconisez-vous pour faire des Aurès un haut lieu du tourisme national et international ?

Notre pays manque encore de visibilité pour les étrangers. Nous ne sommes plus dans les années 1970. Il y a des formes et des formules de tourisme nouvelles. La destination Afrique du nord et en particulier l’intérieur du pays est méconnue. Ce ne sont pas les vestiges, les stèles et le patrimoine archéologique et naturel qui manquent. Les secteurs concernés du  tourisme, de l’artisanat et de la culture ont du pain sur la planche. Il n’est plus possible de faire dans le folklore. Nous avons une culture millénaire à montrer, du soleil à en revendre et un patrimoine matériel et immatériel à mettre en valeur. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Dans les plus grands guides du monde (Guide bleu, Berlitz, le petit futé), les circuits Aurès existent et la méthode n’est pas nouvelle. Il s’agit juste de la mettre au diapason des besoins et des attentes des visiteurs. Le tourisme est une manne de plusieurs milliards de dollars qu’il faut mériter.    

Entretien réalisé par Hafedh Moussaoui

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