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Dévorée par les flammes meurtrières : Béjaïa renaîtra-t-elle de ses cendres ?

Quelques jours après les feux de forêts dévastateurs, qui ont touché plusieurs localités de Bejaia, à l’instar des régions de Toudja et Beni K’Sila, les habitants n’arrivent pas encore à retrouver leur vie habituelle. La population, qui a longtemps préféré s’installer en pleine nature,s’attachant à leurs traditions et travaillant la terre léguée par leurs ancêtres, en évitant l’exode rural, n’arrive pas encore à digérer la tragédie occasionnée par les incendies, dont on se remémorera l’impactpendantde longues années. Les villageois font en effet face à une situation jamais vécue dans le passé, comme en témoignent les anciens des différents villages. Toute la région s’est transformée, du jour au lendemain,d’une région montagneuse à la végétation luxuriante, en terre calcinée et mangée par les cendres. Il est difficile d’imaginer que la Toudjasoit désormais une région fantôme, des maisons entières ont été détruites, des arbres brûlés et des animaux calcinés par les flammes impitoyables. Près d’une semaine après cette catastrophe, des villages entiers sont désertés, il ne reste plus rien qui puisse laisser espérer la reprised’une vie normale. La verdure a fait placeaux cendres, emportées par les vents,dans une forêt restée orpheline aussi bien de sa faune que de sa flore. Si  l’on prenait plaisir à visiter cette magnifique région touristique, qui offre des paysages si merveilleux, ce n’est plus le cas aujourd’hui.On ne voit malheureusementplus que noirceur et désolation.

La population a tout perdu

En effet, les témoignages des rescapés de ces incendies ravageurs sont glaçants et les pertes énormes. Surpris en plein sommeil par les flammes, qui ont pris leur départ dans des localités limitrophes, les habitants des villages d’Ait Oussalah, d’Oued El Djemaâ, de Tamedjout et beaucoup d’autres, ont à peine eu le temps de prendre la fuite pour se réfugier ailleurs et limiter les dégâts. Malheureusement tous n’ont pas survécu, des familles entières ont été retrouvées calcinées dans leurs véhicules, mais aussi sur la route,cherchant à fuir le danger des flammes, d’une puissance extrême.Il a été très difficile de faire face. Les vents ayant soufflé pendant la triste nuit du 23 au 24 juillet, offrant d’habitudeune bouffée d’air frais aux habitants, ont été finalement accélérateurs de la propagation des flammes, qui ont atteint les habitations en un temps record. « Nous avons vu les flammes à plusieurs kilomètres de notre village, mais au bout de quelques minutes seulement, ils ont fini par atteindre nos maisons et on n’a pas eu le temps de revenir pour sauver nos biens. C’était des incendies ravageurs, auxquels nous avons assisté et qui ont transformé nos maisons en cendres en quelques minutes »,témoigne un quinquagénaire.Quiconque se rendra à Toudjaou aux communes limitrophes, pourra constater l’importance des dégâts. Des maisons traditionnelles, qui ont longtemps été lerefuge des habitants, ont fini par se transformer en un clin d’œilen murs désolés. Les habitants se sont retrouvés à la rue du jour au lendemain etn’arrivent même pas à recenser les dégâts. Ils sont unanimes : « nous avons perdu nos maisons, nos biens, et nos élevages. Les incendies ont tout ravagé et ils ne nous ont rien laissé. C’est difficile de décrire l’ampleur des dégâts occasionnés par ces feux car ils sont énormes. Tout s’est transformé en cendres et une partie de nous-même est partie en fumée avec nos villages. Dieu merci, il y’a des survivants, on a eu le temps de se réfugier dans des lieux sûrs. Nos villages donnent une image désolante et triste ou il n’y a plus espoir de reprendre une vie habituelle ». Une femme d’une cinquantaine d’années a quant à elle évoqué sa situation : « Je suis sortie n’ayant que les vêtements que je portais sur moi, j’ai tout juste eu le temps de faire sortir mes enfants. Je n’ai pas eu le temps de prendre autre chose, les flammes étaient déjà proches de notre maison. Nous avons tout perdu lors de ces incendies. Ma fille se préparait à célébrer son mariage cet été mais les flammes ont tout emporté. Nos maisons ont été détruites et on n’a nulle part où allerpour reprendre une vie normale ». Des femmes ayant réussi à survivre aux incendies restent dans l’incertitude quant à leur avenir : « Nos parents se trouvent à l’hôpital où ils ont été transférés suiteà des malaises causésparles incendies. Ils ignorent encore l’étendue des dégâts et l’on craint qu’ils ne trouvent nulle part où loger après leur sortie ».

« On demande des logements pour nos familles »

Hébergés actuellement à l’antenne communale de Souk El Demaâ, après que leurs maisons ont été ravagées par les incendies, les habitants des villages de la commune de Toudja espèrent que leurs situations soient prises en charge dans les meilleurs délais et qu’ils passent en priorité, car devenus des sans-abris. C’est ce que dira un grand nombre d’entre eux, en lançant un appel en direction des autorités locales pour prendre en charge leur cas, considéré comme urgent : « Nous demandons des abris pour nos familles. Les autorités locales doivent se pencher sur notre cas, puisque les feux ont détruit nos maisons où il y’a plus rien à récupérer. C’est une situation délicate que nous vivons actuellement, nous avons tout perdu. On demande des logements pour nous abriter et tenter de reprendre progressivement une vienormale,bien que cela soit difficile ». La commune de Toudja est d’ailleurs une des régions les plus touchées pas ces feux de forêt, comme en témoignent les responsables de la commune qui se sont déplacés sur les lieux.

Des équipes sur le terrain pour recenser les dégâts

Si les habitants attendent toujours des gestes de la part des responsables locaux, concernant leur relogement, les services de la wilaya de Bejaia, en coordination avec les services techniques des communes concernées, sont déjà sur le terrain pour tenter de recenser les dégâts et entamer les indemnisations. A Toudja, plusieurs villages sont en cendres et les maisons traditionnelles où vivaient les villageois ont été entièrement détruites. Les habitants des villages d’Ait Oussalah, Tamedjjut et autres, sont désormais hébergés dans un centre, choisi pour la circonstance où des aides matérielles sont acheminées, depuis avant-hier jeudi,constituéesde produits alimentaires, de couvertures, et de médicaments, en attendant que leur situation ne soit prise en charge par les autorités locales.

Oublier le cauchemar et reprendre la vie progressivement

En attendant que les services concernés de la wilaya et des Assemblées Populaires Communales (APC) rendent leurs rapports définitifs sur les dégâts occasionnés, les habitants tentent désormais, tant bien que mal, d’oublier le cauchemar vécu et de reprendre progressivement une vie normale. C’est ainsi que les populations de Toudja et de Beni K’Sila aspirent à une prise en charge d’urgence, tout en espérant un relogement,compte tenu des énormes pertessubies sur tous les plans. En plus des régions de Toudja et de Beni K’sila, les communes de Melbou, El Kseur, Beni Djellil, Taourirt Ighil et Timezrit ont également été touchées par les incendies.Des pertes importantes ont été enregistrées en arbres fruitiers et en  oliviers, et les habitants attendentimpatiemment leur indemnisation.

Lhacène. H

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