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Après l’érosion, la restauration : L’Algérie a 85 milliards de dollars de réserves de change

« Aujourd’hui, et le Premier ministre peut le confirmer, nous avons près de 85 milliards de dollars de réserves de change, sachant que l’Algérie n’a pas de dette extérieure. C’est cela notre force ». L’annonce a été faite avant-hier, lundi 4 septembre, par le président du Conseil de la nation lors de son allocution d’ouverture de l’année parlementaire 2023-2024. Salah Goudjil, qui avait présidé une réunion des bureaux des deux chambres du parlement, consacrée à l’élaboration de l’ordre du jour de l’actuelle session parlementaire, n’a a fait que confirmer une tendance, qui se maintient depuis plus de deux ans. Le 14 mars, la Banque d’Algérie avait indiqué que le montant des avoirs en devises de l’Algérie à l’étranger était de 64,63 milliards de dollars contre 52,76 milliards de dollars en septembre 2022. Une année auparavant, c’est-à-dire en septembre 2021, le niveau des réserves de change avait été évalué à près de 45 milliards de dollars. En un mot, l’Algérie a réussi en deux ans, à presque doubler ses avoirs en monnaies étrangères. Le chiffre révélé par Salah Goudjil reflète la nouvelle ligne politique et économique tracée par l’État, visant à restaurer une situation financière, qui paraissait au début très compliquée, en raison de la dilapidation systématique menée par la « Issaba » et ses ramifications. Ce qui avait failli pousser le pays à la banqueroute. Entre fin 2014 et fin 2015, l’Algérie avait été délestée de plus de 34 milliards de dollars, pour descendre de 178,94 milliards à 144,13 milliards de dollars. En 2013, les réserves de change s’établissaient à 194 milliards de dollars! Ce qui veut dire qu’elles ont quasiment fondu de 50 milliards de dollars en deux ans. C’est ce qu’a indiqué un communiqué, publié par une mission du Fonds Monétaire International (FMI), au terme d’une visite de dix jours en Algérie en mars 2016. D’ailleurs, c’est à partir de 2015 que l’Algérie a commencé à instaurer des licences, sur une vingtaine de produits, pour limiter les importations. Cinq ans plus tard, début 2020, en raison notamment de la chute drastique des prix du pétrole, principale ressource de devises pour le pays, l’érosion des réserves de change s’est poursuivie jusqu’à atteindre 62 milliards de dollars. Il fallait donc de grands efforts pour redresser la situation. L’augmentation des prix du pétrole et du gaz depuis la fin de la pandémie de la Covid-19 et la crise ukrainienne ont également été des facteurs aidants, mais il faut relever aussi que la lutte menée contre les barons de l’importation tous azimuts, jumelée à un contrôle plus sévère, destiné à drastiquement réduire le phénomène de la surfacturation, a fini par porter ses fruits. Aujourd’hui, malgré quelques défaillances relevées par les experts en économie, l’Algérie a réussi à sortir la tête de l’eau, en attendant que les prémices de la relance économique apparaissent au grand jour. Désormais les objectifs tracés sont la limitation de la dépendance envers l’exportation des hydrocarbures, le développement durable et la création de richesses, grâce à une politique d’investissement basée sur des textes clairs. Le président du Conseil de la nation n’a pas évoqué tous ces sujets, mais son allocution a permis de placer les enjeux dans leur véritable place.

Mohamed Mebarki

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