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Déclaration de politique générale : La « résilience » de l’économie nationale mise en exergue

C’est un hémicycle quasiment au complet qui s’est présenté, hier mardi, face au Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, qui a présenté sa déclaration de politique générale, conformément à l’article 98 de la constitution. Sans verser dans l’excès d’auto satisfecit, le Premier ministre a néanmoins fait ressortir dans sa déclaration « la résilience » de l’économie algérienne, à travers des indicateurs de performances, malgré un écosystème international loin d’être propice. Le banquier de formation qu’il est, moins porté sur les grandes phrases et les effets de manche, a opté pour le langage des chiffres, en bombardant son auditoire avec des statistiques, encore des statistiques, et plus de statistiques. A tel point que certains députés donnaient l’impression d’avoir la paupière lourde. Un premier chiffre, celui qui intéresse tous les Algériens, parce qu’il y va de leur bifteck : le niveau des réserves de change. « Elles ont atteint 85 milliards de dollars, en comptabilisant les réserves d’or », révèle le chef du Gouvernement. L’occasion pour lui de faire l’éloge du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour sa « vision futuriste », qui a épargné à l’Algérie les humiliantes fourches caudines du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale au travers du recours à l’endettement extérieur. Avec une telle réserve, l’Algérie peut en effet regarder l’avenir avec une certaine sérénité, en espérant que les cours de l’or noir, nerf de notre économie, puissent répartir à la hausse, en attendant les premiers fruits de la politique de diversification de l’économie, impulsée par le président. Malgré un contexte mondial en berne, la croissance pour 2023 a atteint 5,3% (4,9% en dehors des secteurs des hydrocarbures) qui demeurent le principal moteur de croissance de l’économie algérienne. Le pendant du taux de croissance est celui de l’inflation. Il est estimé à 9,5%, un niveau élevé que le Premier ministre explique par « la hausse des prix des produits alimentaires (13.2%) ». Selon Benabderrahmane, qui a tenu à rappeler « l’effort de l’État à subventionner les produits de première nécessité importés pour ne pas porter atteinte au pouvoir d’achat des citoyens »,   les exportations ont reculé à 52,8 milliards de dollars, à cause de la baisse des prix du pétrole, alors que les importations ont augmenté, pour atteindre 41,5 milliards de dollars, soit une balance commerciale qui affiche, tout de même, un excédent de 11,3 milliards de dollars.   Concernant la situation des finances publiques, les recettes ont augmenté de 25% entre 2022 et 2023, pour atteindre 8.900 milliards de dinars, alors que les dépenses budgétaires ont augmenté de 52%, atteignant 14.700 milliards de dinars, a-t-il mentionné, expliquant que cet effort en matière de dépenses budgétaires « vise à préserver le pouvoir d’achat du citoyen et soutenir les conditions de la relance économique durable ainsi que d’encourager la dynamique de la croissance ». La cascade de chiffres, assénée par Benabderrahmane, est suffisante pour donner matière à débat, aux députés qui ont vu dans cet exercice du Premier ministre « un moment fort dans les rapports entre l’exécutif et le législatif ». A eux de le prouver lors des débats qui, pour rappel, doivent s’achever par une résolution. Ces débats peuvent toutefois aussi donner lieu à une motion de censure, selon les articles 153, 154 et 155 de la constitution. Une perspective totalement exclue, du fait que la majorité des députés, en dehors de ceux du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), sont totalement acquis au Gouvernement, qui peut ainsi envisager son avenir avec sérénité, malgré le contexte économique difficile.
H. Khellifi

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