« Israël se trouve dans une situation où il n’est plus maître de sa destinée ». Cet aveu, très lourd de sens, a été formulé par un journaliste israélien, connu pour ses positions libres dans un milieu médiatique dominé par le mensonge et la falsification des vérités, qui vont à l’encontre des intérêts des puissants lobbies contrôlant le système de communication international. Évoquant l’impact de l’attaque complexe et étendue menée par les Palestiniens, Meron Rapoport a déclaré au site d’information Middle Eye East, basé à Londres, que le « coup » sera probablement « fatal » pour l’autorité de Netanyahou. Celui-ci porte « toute la responsabilité opérationnelle de ce qui s’est passé », a ajouté l’ancien directeur de l’information du quotidien israélien, Haaretz. « La perte de confiance en soi est énorme, tout comme l’ampleur de l’échec militaire », a-t-il résumé. « L’armée a perdu confiance en elle-même, le public a perdu confiance en l’armée, et cela influencera grandement toute décision d’entrer à Ghaza », a-t-il estimé. Son avis n’est pas celui de quelqu’un qui a pris franchement la défense de la cause palestinienne, mais il contraste fortement avec « ces réactions de soutien à Tel Aviv, qui se multiplient depuis samedi dans les capitales étrangères, sans un mot sur l’occupation israélienne des territoires palestinien et la souffrance qui en découle », comme l’a souligné l’ambassadrice de la Palestine en France, dans l’édition d’hier lundi, du journal L’Humanité. « Israël porte l’entière responsabilité d’une telle situation et d’une telle explosion. Il est nécessaire de mettre les choses et les événements dans leur contexte politique et historique. On ne peut ignorer la source des problèmes, on ne peut ignorer une occupation et un apartheid israéliens qui durent depuis des décennies », a-t-elle confié à un des rares médias français ayant eu le courage de donner la parole aux Palestiniens. Dans la même veine, Alain Gresh, ancien rédacteur en chef du mensuel Le Monde diplomatique, déplore et dénonce le fait que les médias et les politiques occidentaux soient si prompts « à glorifier la résistance des Ukrainiens, tout en niant aux Palestiniens le droit d’en faire autant ». Portant un regard libéré des clichés, il a considéré que « l’attaque déclenché par le commandement militaire conjoint de la plupart des organisations palestiniennes, sous la direction des Brigades Ezzedine Al-Qassam , (bras armé du Hamas, Ndlr), n’a pas seulement surpris par le moment choisi, mais aussi par son ampleur, son organisation, et les capacités militaires déployées qui ont permis, entre autres, de submerger des bases militaires israéliennes ». « La résilience tenace, farouche, entêtée des Palestiniens étonne toujours les occupants et semble choquer bon nombre d’Occidentaux », a-t-il écrit sur son site, Orient XXI, rappelant que nombre d’organisations taxées de terroristes, clouées au pilori au cours de l’histoire, sont passées du statut de paria à celui d’interlocuteur légitime, citant l’IRA irlandaise, le FLN algérien et l’ANC sud-africain. « On peut à juste titre déplorer, comme dans toute guerre, la mort de civils, mais y aurait-il de bons civils pour lesquels il faudrait verser des larmes et de mauvais civils, comme les Palestiniens qui sont tués quotidiennement en Cisjordanie et dont la mort suscite si peu d’indignation ? », s’est-il interrogé. Plus de deux millions de Palestiniens vivent aujourd’hui dans la bande de Ghaza, et cette population est soumise depuis samedi à un état de siège complet. Pas d’électricité, pas d’eau et pas de gaz, dans un territoire déjà sous blocus israélien depuis 2007. Et les médias occidentaux de rapporter l’information, sans aucun état d’âme. La plupart d’entre eux, aveuglés par leur soutien à l’État d’Israël, sont allés jusqu’à oublier l’existence d’une population palestinienne éprouvée et manifestement oubliée par tout le monde, sauf par ceux qui croient à la justesse de leur combat. Dans un communiqué publié hier, le Programme alimentaire mondial de l’ONU a exprimé sa « profonde inquiétude » face à la détérioration rapide de la situation, alors que l’armée sioniste poursuivait le massacre de civils palestiniens.
Mohamed Mebarki
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