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Phénomène des cours particuliers : La proposition-choc du CNES

La politique du laisser-faire de l’État depuis de très longues années, fait qu’aujourd’hui le phénomène des cours particuliers est devenu quelque chose d’irréversible et de systémique. Des pédagogues et des experts des sciences de l’éducation n’ont de cesse de les critiquer et de les dénoncer, jugeant que le gain financier prime sur les dimensions pédagogique et éthique. C’est parce que ce système d’enseignement informel obéit à une logique de business, en plus d’un apport à la formation des élèves plus que discutable, que le Conseil National de l’Enseignement Supérieur (CNES) fait une proposition-choc, dont la finalité est d’en finir avec ces écoles parallèles, qui brassent plus de milliards qu’elles ne proposent d’apprentissage aux élèves. Abdelhafidh Milat, porte-parole du CNES, n’y va pas par quatre chemins et propose carrément « l’interdiction, voir la criminalisation des cours particuliers », tout en préconisant des « sanctions drastiques contre les personnes et les établissements qui les pratiquent ». Le responsable du CNES propose une alternative, à savoir le retour aux cours de rattrapage d’autrefois, pour les élèves qui présentent des lacunes par rapport à leurs camarades, avec l’organisation de séances les lundis et jeudis après-midi par leurs propres enseignants et à titre gratuit. La proposition de Milat, au nom de son organisation syndicale, s’insère dans une perspective plus globale de réforme du système de l’enseignement algérien « depuis le cycle élémentaire, en passant par le collège et le lycée, pour permettre à l’élève d’arriver à l’université avec un socle de connaissance et de compétences de haut niveau ». Dans le cadre de la « restructuration en profondeur et globale du système d’enseignement » qu’il plaide, il met à l’index les devoirs à la maison qui, selon lui, « épuisent les élèves plus qu’ils n’améliorent leurs acquis », se référant en cela aux expériences en vigueur dans les pays scandinaves, qui ont des systèmes de formation performants. « Abandonner la multiplicité des devoirs et des compositions et les remplacer par un contrôle continu, avec seulement deux examens pour toute l’année scolaire et faire en sorte que le système d’évaluation favorise la formation d’un esprit analytique, synthétique et critique de l’élève et non la mémorisation », défend encore le porte-parole du CNES. Il rejoint ainsi, dans sa proposition, ceux qui défendent l’allègement des programmes du cycle élémentaire. Un allègement qui se ferait en délestant les élèves de certaines matières scientifiques supplémentaires, « qui épuisent l’élève et dispersent son attention et sa concentration par rapport aux matières qui constituent le socle de base de sa formation ». La réduction du volume horaire est une autre des propositions d’Abdelhafid Milat, qui suggère un système de cours en continu « de 8 heures à 14 heures, afin que l’élève puisse avoir du temps à consacrer aux activités sportives et ludiques ». La contribution du porte-parole du CNES, publiée hier dimanche sur sa page Facebook, reste un apport à la réflexion globale sur le système de formation et d’éducation en Algérie, toujours à la recherche de la bonne martingale. Encore faut-il que certaines conditions, matérielles et structurelles, puissent l’accompagner pour la rendre réaliste.

H. Khellifi

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