Quatre ans après son arrivée à la tête de l’État, Abdelmadjid Tebboune est toujours en croisade contre « la issaba ». Dans son discours prononcé avant-hier lundi devant les membres des deux chambres du Parlement, le président a indiqué avoir récupéré l’équivalent de 30 milliards de dollars de biens, entre usines, bâtisses et comptes bancaires, qui appartenaient aux anciens hommes d’affaires véreux. En même temps, « le travail se poursuit pour récupérer les fonds détournés vers l’étranger », a assuré Tebboune, soulignant que « nombre de pays européens ont affiché leur disposition à restituer les fonds détournés au peuple ». Malgré leur détention, les « résidus de la issaba » continuent d’agir, à en croire le chef de l’État, qui a indiqué que c’était eux qui étaient derrière les pénuries des produits de grande consommation, notamment en 2020 et 2021. Selon lui, « ces agissements s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre du plan tracé pour l’Algérie avant l’élection présidentielle, celui de ladite période transitoire pour rejoindre les pays arabes et étrangers déstabilisés à ce jour ». Le but était en effet de « déstabiliser » le pays en créant des pénuries en tous genres. En plus de la crise du Covid, l’Algérie avait connu des ruptures successives en produits alimentaires de base, comme la semoule, le lait, l’huile de table et même des liquidités dans les banques et bureaux de poste. Une situation qui n’a rien d’accidentel, selon le chef de l’État, qui a donné l’exemple de certaines wilayas où la semoule était dissimulée pour provoquer une pénurie, et par conséquent faire exploser la colère des citoyens. Mais une fois le marché réapprovisionné, d’énormes quantités de ce produit « avaient été jetées dans des poubelles », a-t-il attesté. Toujours dans le domaine de l’importation, Abdelmadjid Tebboune a révélé l’existence de « plus de 26.000 » sociétés fictives d’importation. « Les devises sortaient, mais aucun produit ne rentrait », a-t-il indiqué, tout en rassurant s’être « débarrassé » de ce « fléau ». D’autres formes de « détournements » ont également été citées par le président pour accabler « la issaba ». « Par le passé, les crédits bancaires ont atteint 5.000 milliards de dinars, dont seulement 10 % ont été remboursés, car tout était transféré vers l’étranger », a-t-il fait savoir. Pour montrer l’énormité du désastre il a précisé que s’il devait citer tous les exemples et cas de fraudes et de détournements, il pourrait « en parler durant des heures », avant d’ajouter : « Mais nous avons redressé la situation, même si le chemin est encore long ».
Akli Ouali
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