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Après avoir dénoncé l’Accord d’Alger : La junte malienne revient à de meilleurs sentiments

La junte militaire malienne est-elle en train de se rendre à l’évidence, en admettant implicitement avoir fait fausse route par sa décision unilatérale de dénoncer, le 24 janvier passé, l’accord de paix et de réconciliation national d’Alger, signé en 2015 entre le pouvoir de Bamako et les rebelles du nord ? Cela semble bien être le cas, à la lumière des propos du ministre des Affaires étrangères malienne à la télévision publique, qui opère un véritable rétropédalage par rapport aux propos pour les moins inamicaux tenus contre l’Algérie, accusée d’« ingérence » dans le sillage de l’audience accordée le 19 janvier par le président Tebboune à l’Imam Dicko, chef spirituel de la confrérie soufie Kounty. « L’Algérie et le Mali sont des pays frères, unis par des relations de bon voisinage et de fraternité, qui partagent une longue frontière, une histoire et des liens sociaux », souligne Abdoulay Diop, qui exprime la volonté du nouveau pouvoir malien d’« ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays. » Dans cet interview par le site El Arabi Al Djadid, le chef de la diplomatie va même au-delà de l’expression de la simple volonté d’« ouvrir une nouvelle page », puisqu’il annonce qu’« un travail diplomatique est actuellement en cours pour apaiser les tensions et régler la crise avec Alger par la voie du dialogue et de la concertation. » Qui sont les acteurs de ce travail diplomatique en cours ? Dans quel cadre agissent-ils ? Quel est leur agenda ? Autant que questions qui restent sans réponse dans la bouche de Diop, qui assure néanmoins que « tout est mis en œuvre pour résoudre le problème avec l’Algérie et pour trouver une issue satisfaisante pour les deux parties, à travers la voie diplomatique et le dialogue, qui permettra d’éviter à l’avenir tout malentendu entre les deux pays. » Les autorités algériennes, en exprimant à juste titre leurs regrets, suite à la décision malienne, « porteuse de graves dangers pour le pays malien et pour la stabilité dans la région du Sahel, où opèrent les groupes terroristes qui disposent encore d’une grande capacité de nuisance » doivent se réjouir du brusque changement de ton du pouvoir d’Ibrahim Boubakar Keita, qui visiblement revient à une approche plus réaliste de la situation. Sans doute a-t-il fini par comprendre que le jeu malsain du Makhzen, faisant miroiter de prometteuses perspectives de coopération économique et sécuritaire, n’était rien d’autre qu’une manœuvre visant à éloigner le Mali de l’Algérie, qui reste la seule force dans la région en capacité d’asseoir une paix durable dans le Sahel, que ce soit militairement, économiquement ou diplomatiquement. C’est justement le sens de l’Accord d’Alger de Fraternité et de Réconciliation, qui offre un cadre idéal, bien que sans doute perfectible, pour atteindre cet objectif. Il est heureux que la junte malienne revienne vite de son pas de clerc, et fasse le tri entre ses vrais amis et ses vrais faux amis.

H. Khellifi

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