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Massacres du 8 mai 1945 : Saâl Bouzid, le symbole

Sorties affaiblies au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne et la France n’étaient pas en mesure de canaliser pacifiquement les revendications indépendantistes portées par les peuples en Palestine, en Syrie, au Liban et en Algérie, avec une mention spéciale pour cette dernière, où le sentiment nationaliste avait, pour des raisons objectives, plus d’impact sur le colonialisme et sur sa perception d’un processus historique qu’il cherchait vainement à neutraliser. Le 8 mai 1945, alors que les alliés célébraient la victoire sur le nazisme, à Londres, à Paris, mais aussi dans les colonies, les Algériens, sortis en masse à Sétif, Guelma, Kherrata, en plus d’autres villes, pour rappeler à l’administration coloniale les promesses faites durant la guerre mondiale aux peuples colonisés, dont les enfants ont été mobilisés. Si tout a commencé à Sétif, lorsque le jeune scout Saâl Bouzid, porteur du drapeau algérien, a été froidement assassiné par un commissaire de police, le mouvement de protestation, qui s’est étendu à d’autres villes, a été soumis à une effroyable répression. Des douars entiers ont été décimés, des villages incendiés et des familles brûlées vives. Selon l’historien français spécialiste de l’histoire de l’Algérie, Jean-Pierre Peyroulou, « les opérations militaires dépassaient la simple activité de répression ». « Il y eut donc, dans cette région, une véritable guerre contre des civils très faiblement armés, qui dura jusqu’au 24 mai », avait-il témoigné. Une répression féroce, qui avait démontré que la France coloniale n’envisageait guère de tenir ses promesses, mais plutôt de les enterrer, avec tous ceux qui les lui rappelait. Mais les sacrifices consentis par les Algériens durant ces journées du 8 mai 1945 n’étaient pas vains. Ils avaient donné naissance, neuf ans plus tard, à une génération de baroudeurs, qui avait fait reculer les chantres de l’Algérie Française, les obligeant à s’asseoir à la table des négociations. « L’anniversaire du 8 mai 1945, que nous avons consacré comme journée nationale de la mémoire, est une expression éclatante et forte de l’esprit authentique de la résistance de la nation et de son adhésion aux idéaux nobles », avait souligné Abdelmadjid Tebboune, dans un de ses messages à cette occasion. Le président de la République avait déjà souhaité que « le raffermissement des relations entre l’Algérie et la France soit sur des bases solides », réaffirmant sa volonté d’aller vers un apaisement de toutes les tensions qui existent entre la France et l’Algérie, appelant à assumer les responsabilités. « Si regarder vers l’avenir prometteur est la clé du raffermissement et de la valorisation des liens entre nations, cet avenir doit néanmoins avoir un socle solide, délesté de toutes les turpitudes du passé », avait-il fait savoir. « L’Algérie est prête à dépasser tous les obstacles et à aplanir toutes les difficultés pour un avenir meilleur, et à renforcer un partenariat exceptionnel pour hisser les relations au niveau stratégique, pour peu que les conditions adéquates soient réunies », avait-il affirmé, notant que « les deux peuples, algérien et français, aspirent à un avenir meilleur, empreint de confiance et compréhension, au mieux de leurs intérêts dans le cadre du respect mutuel et de l’égalité ».

Mohamed Mebarki

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