
La justice n’a pas tardé à réagir aux propos tenus par Mohamed Lamine Belghit dans une émission de la chaîne émiratie Sky News Arabiya. Arrêté hier samedi au matin, l’intéressé a été présenté devant le tribunal de Dar El Beida, qui l’a poursuivi pour ses déclarations selon lesquelles la dimension amazighe de l’identité algérienne « n’a jamais existé » historiquement, affirmant qu’il s’agissait d’une « création des services français et israéliens », suscitant une large indignation depuis avant-hier vendredi. « Après la diffusion à grande échelle, sur les plateformes de médias sociaux, d’une interview télévisée entre une journaliste d’une chaîne appelée Sky News Arabiya et le dénommé Belghit Mohamed Lamine, dans laquelle ce dernier a déclaré que la langue amazighe est un projet sioniste-français, et considérant que cela constitue une violation des principes régissant la société algérienne, consacrés par la Constitution, une atteinte à une composante fondamentale de l’identité nationale, ainsi qu’une violation flagrante de l’unité nationale, des symboles et constantes de la nation, le ministère public a ordonné l’ouverture d’une enquête préliminaire et l’arrestation du suspect », a indiqué le tribunal de Dar El Beida dans un communiqué diffusé hier. Selon la même source, « le suspect a été présenté ce jour devant le parquet, et une information judiciaire a été ouverte contre lui pour actes visant l’unité nationale en attaquant les symboles de la nation et de la République, atteinte à l’unité nationale, et diffusion d’un discours de haine et de discrimination par le biais des technologies de l’information et de la communication ». Et d’ajouter : « Après l’audition du suspect, le juge d’instruction a ordonné son placement en détention provisoire ». Dans son journal télévisé de 20h, la Télévision publique algérienne a accusé les Émirats arabes unis, un « mini-État artificiel », de comploter contre l’unité du pays. Plusieurs voix se sont élevées en Algérie pour appeler à des poursuites judiciaires contre l’auteur de ces propos et dans un communiqué rendu public, le Haut-Commissariat à l’Amazighité (HCA) a affirmé que l’Algérie est une, unie par son histoire, ses langues et ses valeurs. « Alors que l’Algérie est confrontée à des défis régionaux et internationaux complexes, certaines voix isolées persistent, en vain, à tenter de saper la cohésion de son tissu national, en véhiculant des discours de haine et en s’attaquant à l’un des piliers essentiels de son identité profonde : la composante amazighe », lit-on dans ce document. Le HCA affirme également que ces manœuvres, « aussi organisées ou financées soient-elles, se heurtent à une réalité indiscutable : l’Algérie est un État uni, avec un peuple riche de sa diversité, rassemblé autour d’une identité commune, consacrée avec clarté et fermeté par la Constitution du pays ». « La sécurité nationale ne saurait souffrir d’aucune complaisance, et l’identité nationale n’est ni un sujet de débat ni une matière à surenchère », poursuit la même source. Par ailleurs, le HCA rappelle que la Constitution algérienne, tant dans son préambule que dans ses articles, « garantit l’unité nationale et reconnaît expressément que la langue amazighe, aux côtés de l’arabe, est une langue nationale et officielle, reflet d’une profondeur historique et civilisationnelle enracinée dans cette terre généreuse ». Poursuivant, le document explique que le discours d’incitation à la haine « ne relève pas de la liberté d’expression, mais constitue une trahison du principe du vivre-ensemble et une menace directe à la sécurité nationale », appelant à appliquer fermement et sans hésitation l’ensemble des dispositions légales pertinentes. « Nous appelons la justice à appliquer de manière stricte et rigoureuse les lois garantissant la protection de l’État, la sauvegarde de ses symboles, de ses fondements et de son unité nationale », conclut le communiqué.
Samir Rabah
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