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Autrefois quartier emblématique de Guelma : Bab Souk en voie de disparition

Durant l’occupation coloniale, Guelma, siège d’une sous-préfecture, était une ville florissante réputée pour ses généreuses terres agricoles, ses vergers, ses fermes avoisinantes, la qualité de ses céréales, son marché à bestiaux, son élevage de vaches, son huile d’olive et ses agrumes. Le centre-ville abritait des villas cossues agrémentées de jardins luxuriants. Des autochtones, appelés communément indigènes, occupaient les hauteurs de la ville, principalement au quartier populeux de Bab Souk qui regroupait les rues de Foundouk, Mogador, Saint-Louis, Caton et Announa. D’aucuns se remémorent avec nostalgie ces années de jeunesse vécues dans la pauvreté mais dans la dignité, car à cette époque, la solidarité, l’amitié et la générosité n’étaient pas de vains mots. Le quartier emblématique a enfanté des nationalistes et des patriotes sincères qui avaient versé un lourd tribut durant les événements tragiques du 8 mai 1945 et la Guerre de libération nationale. Le vivier a également enfanté de prodigieux footballeurs intègres dans la glorieuse équipe de l’Escadron noir, tels les Chorfi, Baeza, Kafez, Abda, Belhaouès, Souidani et autres. Bab Souk a enfanté des médecins, avocats, enseignants, architectes qui apportent à présent leur contribution à l’édification du pays et sont fiers d’avoir vécu dans des conditions déplorables et dans un dénuement presque total. La particularité de ce quartier a été l’existence de nombreuses maisons mauresques abritant chacune huit à douze familles, qui occupaient chacune une seule chambre et disposaient de toilettes communes, robinet de la vaste cour où les femmes faisaient leur cuisine, leur lessive et leurs travaux ménagers. Les autochtones ne disposaient d’aucun confort matériel, les kanouns remplis de charbon de bois faisaient office de cuisine et de chauffage en hiver. Les gargoulettes conservaient en période caniculaire de l’eau fraîche. Durant des heures, les mères de familles s’échinaient à laver le linge de la maisonnée dans la gasaâen cuivre. Elles s’ingéniaient à pétrir sans relâche la pâte pour confectionner et cuire sur le tadjine de délicieuses galettes croustillantes. En dépit de cette situation précaire, les femmes veillaient jalousement à l’hygiène, au bien-être et à la santé de toute la maisonnée. Les enfants s’adonnaient intensément à leurs jeux favoris, à savoir parties de football, cache-cache, saute-moutons, la marelle, les gendarmes et les voleurs. Dès la tombée de la nuit, la maman allumait les bougies ou le quinquet pour permettre aux enfants de faire leurs devoirs ou apprendre leurs leçons, sachant que la télévision était inconnue. A présent, ces maisons ancestrales rachetées par des ruraux aisés ont été rasées et remplacées par de somptueuses villas. D’aucun déplore la disparation de ce riche patrimoine et évoque avec nostalgie ces inoubliables années vécues dans la pauvreté et la dignité.

H. B.

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