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Pôle pédiatrique de la cité Kaâboub à Sétif : Existe-t-il un complot pour freiner l’établissement ?

L’ex-hôpital mère et enfant de la cité Kaâboub a fait peau neuve. Les travaux de réhabilitation et d’extension ont transformé l’espace en un véritable pôle pédiatrique. La gigantesque opération est l’œuvre des opérateurs économiques de la wilaya. Le principal objectif de cette action de volontariat, ayant nécessité un investissement de plus de 55 milliards sur une superficie de 3.000 mètres carrés, est l’accueil des enfants dans un environnement adapté. L’opération de solidarité, qui a permis au trésor public de réaliser de grandes économies et ayant fait de l’endroit un véritable hôpital pour enfants d’envergure régionale puisqu’il accueille les petits malades de six wilayas limitrophes, risque de devenir à moyen et court terme une « coquille vide ». En plus des urgences pédiatriques et de l’hôpital de jour, en charge quotidiennement de plus de 200 patients, le pôle dispose désormais de nombre d’unités dont l’oncologie, la pneumologie, la gastrologie, l’endocrinologie, la cardiologie, la neurologie et polyhandicapés, la réanimation et d’autres structures importantes. Malheureusement, l’établissement est « freiné » par des « mains invisibles ». Centre de référence de certaines maladies rares comme la mucoviscidose, le pôle pédiatrique de Sétif n’a pas bénéficié d’un poste de maître-assistant depuis 2015. Le « croche-pied » ne disant pas son nom n’a pas épargné le volet des résidents. Pour 19 départs (de jeunes spécialistes ayant obtenu le doctorat en sciences médicales en 2023), le pôle n’a bénéficié cette année que de quatre petits postes. En perdurant, le déficit en praticiens hospitalo-universitaires risque de porter un coup de massue à la qualité des soins et aux investissements des pouvoirs publics, ne ménageant aucun effort pour l’amélioration de la couverture sanitaire et le renforcement du système national de santé. L’intenable situation tance, le moins que l’on puisse dire, le corps médical ne sachant plus où donner de la tête. « Dispensant de soins de haut niveau, ce pôle pédiatrique n’a bénéficié cette année que d’un petit poste de maître-assistant sur les 109 ouverts à l’échelle nationale. De moindre envergure, les services des hôpitaux de Constantine, Béjaïa, Beni Messous et Bab El Oued ont été gratifiés de six postes chacun. On en a ouvert neuf au service de Parnet. On ne peut passer sous silence cette inéquitable répartition », fulminent de nombreux praticiens dudit pôle, pointant du doigt la direction de la faculté de médecine de l’université Ferhat Abbas, sans la nommer. Et d’enchainer : « L’anomalie concernant la réduction de postes ouverts pour le résidanat de pédiatrie de 2023, notamment à Sétif, a été soulevée par le comité pédagogique régional de l’est du pays. Une lettre de réclamation a été transmise le 26 novembre passé aux ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur (dont une copie a été remise à L’EST Républicain). La situation est alarmante. Quatre résidents ne peuvent répondre aux attentes d’un hôpital de 110 lits, notamment aux urgences de l’oncologie et de la néonatologie situé à l’hôpital mère et enfants d’El Bez. La relève est plus que jamais menacée. Le cas de l’oncologie en est l’exemple parfait. Faisant un travail remarquable, la professeure Malika Mebarki est appelée un jour ou l’autre à rendre le tablier. Sans maitre-assistant ou résident, elle s’occupe seule d’une unité de 34 lits, dont l’hôpital de jour. L’unité de diabétologie est à la charge d’une spécialiste de santé publique dévouée et compétente. Il en est de même pour la cardiologie ». « On ne comprend pas ces blocages s’apparentant à du sabotage. A la longue, c’est toute une école qui va disparaitre. Au lieu d’améliorer les soins spécifiques et booster la formation de praticiens de haut rang, les « forces de l’ombre » mettent leur grain de sel. Nous réitérons notre appel au nouveau wali de Sétif, sollicité le 4 decembre2023 à travers une correspondance pour qu’il vienne constater de visu la situation du pôle pédiatrique ne méritant pas de tels croche-pieds », précisent non sans une forte émotion nos interlocuteurs. Nous y reviendrons…

Kamel Beniaiche

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