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Reconstruction du vieux marché couvert de Sétif : Les avis des citoyens et spécialistes se télescopent

Après une existence de plus de 142 ans, l’ancien marché couvert de la ville de Sétif se conjugue désormais au passé. Rasé, l’endroit s’étendant sur plus de 2.700 mètres carrés n’est plus qu’un terrain vague, au grand regret des nostalgiques du bon vieux temps. Calciné par les flammes d’un violent incendie déclenché tard dans la nuit du 29 août 2022, l’espace est désormais un souvenir. En un clin d’œil, le feu a ravagé 50 locaux commerciaux (fruits, légumes, boucheries et autres) et détruit la vie et la carrière de 170 marchands ne sachant plus à quel saint se vouer. Le démantèlement de la carcasse du vieux marché est terminé. L’opinion et singulièrement les commerçants attendent la suite. « Après plus de 16 mois de palabres et tergiversations, la municipalité s’est enfin décidée à démolir le marché où des dizaines de pères de famille qui ne sont plus de ce monde ont passé une grande partie de leur vie. Le plus dur reste à faire car on ne va pas construire le futur marché ou centre commercial de plusieurs étages en quelques mois. Une chose est presque certaine, l’actuelle équipe communale qui a perdu du temps remettra le témoin sans pour autant finaliser la reconstruction et nous permettre de renouer avec notre espace et reprendre nos activités », diront non sans amertume de nombreux marchands rencontrés sur les lieux. « Sous d’autres cieux, une telle opération n’a rien de travaux d’Hercule. Ce n’est malheureusement pas le cas à Sétif. Pour voir rapidement le bout du tunnel et en finir avec un supplice incommensurable, nous interpellons le wali pour obliger la commune à finaliser le dossier le plus rapidement possible. Nous comptons énormément sur l’engagement du chef de l’exécutif pour nous aider à surmonter notre galère et pousser les chargés de l’opération à mettre les bouchées doubles », martèlent nos interlocuteurs vivotant sur des charbons ardents. Sollicités, plusieurs architectes et directeurs de bureaux d’études grincent les dents. « Il ne faut pas se voiler la face. La commune n’a pas la technicité et le métier pour réaliser ce genre d’ouvrage, situé de surcroît au cœur de la vieille-ville. Construire un espace commercial à la place du célèbre marché couvert construit en 1900, rénové en 1949 puis réaménagé en 1957 n’est pas un jeu de billard. La préparation du cahier des charges et du lancement du concours d’idées et d’architecture est en principe une affaire de spécialistes. Le futur espace commercial devrait être un autre repère de l’agglomération. Le nerf de la guerre est important. La construction d’un centre de plusieurs étages nécessite au bas mot plus de deux milliards de dinars. Le respect des délais de réalisation qui n’est plus le fort de la ville de Sétif est un facteur primordial. Il faudrait cerner et maitriser tous les aspects, notamment le volet suivi et financier, et ne pas rééditer l’expérience de la réhabilitation du stade Mohamed Guessab qui a bouffé des milliards et pris plus de 13 longues années. La commune devrait organiser une rencontre ou une conférence de presse pour informer l’opinion publique qui a le droit de savoir », révèlent les spécialistes. Pour avoir des informations se rapportant au début des travaux, aux coûts et aux délais de réalisation, on a essayé de joindre Hamza Belayat, le président de l’Assemblée Populaire Communale (APC) de Sétif, en vain. Des Sétifiens dont plusieurs riverains au marché ont, en revanche, tenu à parler à L’EST Républicain et donner leur avis. « Après la démolition du marché couvert, les responsables de la commune de Sétif n’ont pas pensé à le clôturer. L’endroit risque d’être squatté par les quidams auto-proclamés parkingueurs, comme ils l’ont fait à la cité Bounechada où ils ont transformé le site jouxtant le centre commercial Malaysia en parking illicite. Devant abriter un équipement public (piscine, bibliothèque ou autres), susceptible de rendre des services à la population et booster, le cas échéant, les recettes de la collectivité, le site en question fait les beaux jours du marché parallèle », soulignent nos interlocuteurs ne manquant pas d’idées. « Pour reprendre le vieux proverbe ‘’A quelque chose malheur est bon’’, le site du marché couvert pourrait régler l’épineux problème de stationnement au centre-ville où les automobilistes éprouvent toutes les peines du monde à trouver un bout de chaussé où garer leur véhicule », soulignent nos vis-à-vis. « La construction d’un parking à étages au sous-sol serait bénéfique pour tout le monde, d’autant que Sétif est l’une des rares grandes agglomérations qui ne dispose pas d’une telle structure au centre-ville. Il faut savoir qu’un parking génère de nouveaux postes d’emploi et économise l’espace en milieu urbain. Il protège les véhicules des conditions climatiques, offre une meilleure sécurité par rapport au stationnement en surface et atténue quelque peu les méfaits de la pollution atmosphérique qui nous empoisonne la vie », précisent des Sétifiens curieux de connaitre la suite.

Kamel Beniaiche    

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